jeudi 14 octobre 2010

« Trouble Shooter » est un film d'action qui sévit en ce moment sur les écrans coréens. Un thriller réalisé par Kwon Hyeok-jae, dont c'est le premier long-métrage. Kwon a pendant longtemps été le premier assistant du réalisateur Ryoo Seung-wan, l’auteur de « Crying fist » et de « Arahan »... et qui a également coécrit le scénario de « Trouble Shooter ». Un film tout en fracas et en retournements de situations, et à l'intrigue tellement bien ficelée... que le réalisateur s'est pris les pieds dedans.

Kang Tae-sik est un ancien policier. Mais il a rendu son insigne, pour devenir un détective privé à la main lourde, acceptant tous les contrats qui passent pour pouvoir finir ses fins de mois. Interprété par le célèbre acteur Sul Kyung-gu, qu'on a pu voir par exemple dans « Oasis » et « Silmido », Kang Tae-sik est une espèce d'ajeossi du futur, capable de maîtriser les gadgets à la James Bond les plus sophistiqués, et d'étourdir d'un coup de coude un escadron de gorilles en costume noir. Avec sa gueule brûlée et ses cheveux longs, il ressemble un peu à un chanteur de pop coréen des années 1980, les paillettes en moins. Kang Tae-sik reçoit un jour un contrat, en apparence très simple : il doit surprendre un couple en flagrant délit d'adultère. Mais une fois arrivé dans la chambre du motel, les choses ne se passent pas du tout comme prévu...

Car Kang Tae-sik découvre un cadavre de jeune femme, sauvagement assassinée. Plus ennuyeux, il est rapidement accusé du meurtre. Le méchant conspirateur, qui a vu beaucoup de films américains, a laissé chez lui des billets et l'arme du crime : voilà donc notre détective privé traqué, recherché par toutes les polices de Séoul. Il n'a d'autre choix que d'obéir aux ordres que le méchant lui communique par téléphone portable. S'il veut prouver son innocence, il doit tuer un homme : un avocat, qui est le témoin principal dans une sombre affaire politico-financière, mais qui a aussi un lien direct avec le sombre passé de Kang...

J'arrête le résumé de mon histoire ici, ne voulant pas tuer le suspense. De toute façon, même si je vous racontais l'intrigue dans ses moindres détails, celle-ci est tellement tordue qu'il est impossible de s'en souvenir, et que vous l'oublierez aussitôt. "Pourquoi c'est si compliqué ?", se demande l'inspecteur de police chargé de courir après Kang. On partage son angoisse : « Trouble Shooter » est un thriller dont l'intrigue part dans toutes les directions possibles, comme si les scénaristes avaient décidé d'accumuler le plus grand nombre de clichés appartenant au genre. Ce brave Kang croisera donc sur sa route un tueur psychopathe qui a tué sa femme il y a des années, des politiciens véreux, des flics corrompus, des amis de toujours qui trahissent pour l'argent, et un méchant machiavélique et ultra-cool, qui a trop vu « Matrix » et « Ocean's Eleven ». Son plan trop bien huilé, mitonné aux petits oignons, finira, vous vous en doutez, en eau de boudin.

Empêtré dans une histoire qui mélange vengeance, polar, et manipulations politiques, le spectateur finit vite par perdre le fil. Il préfèrera donc se contenter d'admirer les jolies pirouettes et les bagarres chorégraphiées de Sul Kyung-gu dans les belles avenues de Séoul, sans plus se poser la question – très superflue finalement - du pourquoi. Le film prend alors tout son sens, et on pourra admirer la réalisation impeccable, les magnifiques plans sur la capitale sud-coréenne, et l'interprétation plutôt réussie des acteurs.

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