jeudi 14 octobre 2010

Amoureux de cinéma coréen, et de cinéma tout court, vous connaissez sans doute le festival international du film de Pusan, le plus grand festival de cinéma d'Asie. La 15ème édition de cet événement très attendu bat son plein ce moment-même dans la grande ville portuaire de Busan, au sud-est du pays: elle a débuté le 7 octobre, et finira le 15.

Le festival de Pusan, c'est un peu le Cannes de l'Asie: sur la Croisette de Haeundae, la grande plage de la ville, se retrouve un public fidèle venu en nombre, mais aussi de très nombreux professionnels du cinéma : acteurs, réalisateurs, producteurs, distributeurs... 36 salles de la ville se mettent au diapason, et diffusent en ce moment même les films de la très imposante sélection de cette année : plus de 300 films, venus de plus d'une soixantaine de pays. Le film d'ouverture a été « Under the hawthorn tree », du réalisateur chinois Zhang Yimou. Le festival est aussi l'occasion de voir de nombreux courts métrages et des vieux films coréens impossibles à voir autrement. Des programmes spéciaux sont consacrés au cinéma kurde et au cinéma tchèque, et une rétrospective très particulière s'intéresse aux films espagnols sortis sous le régime du dictateur Franco, des films qui parvenaient à critiquer ce dernier par des moyens détournés.

Comme chaque année, de nombreuses personnalités prestigieuses ont été invitées : on note cette année la présence de l'actrice française Juliette Binoche, venue présenter son film « Certified copy », du réalisateur iranien Abbas Kiarostami, qui lui aussi est invité à Busan. L'acteur américain Willem Dafoe et le réalisateur américain Oliver Stone sont également venus arpenter la plage de Haeundae. Le public qui vient à Busan est plutôt jeune, et surtout nombreux : on compte environ près de 200 000 spectateurs par an.
Un événement aussi important se déroule en parallèle : le marché du film asiatique. Il met en contact de nombreux acheteurs venus du monde entier, qui se pressent pour acquérir des films vendus par 21 sociétés venues de 10 pays différents. Les plus récents succès du box-office sud-coréen, que nous vous présentons régulièrement dans cette chronique, trouveront peut-être le chemin des écrans du monde entier : je pense par exemple à « The man from nowhere », ou « Trouble shooter », ou « Moss », qui seront tous diffusés lors du marché.

Ce festival exceptionnel, le premier du genre en Corée du Sud, a inspiré à sa suite une vague extraordinaire de multiples festivals cinématographiques à travers toutes les villes du Pays du Matin clair. Son créateur est Kim Dong-ho. C'est lui qui en 1996, aidé de jeunes réalisateurs et de professionnels du cinéma à Busan, réussit à réunir quelques financements pour organiser la première édition de l’événement. Son projet démarre au bon moment : à la fin des années 90, aidé par la politique de quotas qui protège les productions locales et le début de la démocratie qui rend leur liberté aux créateurs, le cinéma sud-coréen prend son envol. Ce sont les débuts de la vague coréenne, dont le développement se fera en parallèle à celui du festival. Un festival qui d'ailleurs aura un rôle très actif dans cet essor : le PPP, ou « plan de promotion de Pusan », permet de donner une chance à de jeunes réalisateurs prometteurs.

Avec 140 films par an, le cinéma sud-coréen est devenu le 3ème cinéma d'Asie, et l'un des plus remarquables au monde par son dynamisme, sa qualité et sa créativité. Le festival de Pusan est sa plus belle vitrine : si vous le pouvez, venez vous aussi rejoindre cette grande fête !

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