jeudi 29 juillet 2010

cinema coreen : Trop jeunes pour mourir

Il y a deux semaines est sortie dans les salles françaises un film coréen datant de 2002 et intitulé « Trop jeunes pour mourir ». Réalisé par Park Jin-pyo, le film est basé sur une histoire vraie et s’apparente d’ailleurs plus à une docufiction. Lors de sa sortie en Corée du Sud, il a suscité de vives réactions à cause du sujet qu’il aborde. En effet, il met en scène deux septuagénaires, Park Chi-gyu et Lee Sun-ye dans leur propre rôle, celui de deux personnes âgées qui tombent amoureuses l’une de l’autre.


* Jeunes et beaux

L’histoire débute avec leur rencontre fortuite sur un banc public, par une journée ensoleillée d’hiver. Quelques mois plus tard, on retrouve le grand-père chez le coiffeur, en train de se faire une couleur dans l’espoir de rajeunir un peu. Malgré la chaleur du mois d’août – torride en Corée – le revoici en train de nettoyer sa maison de fond en comble, avant de se mettre sur son trente-et-un. C’est touchant de le voir se peigner devant son miroir dans lequel se reflète son anxiété et son impatience. On dirait presque un jeune homme se préparant pour son premier rendez-vous galant. Elle arrive enfin, vêtue d’un beau costume traditionnel coloré, et portant ses bagages sur la tête. Elle aussi s’est soigneusement maquillée en vue de ces retrouvailles ; preuve qu’il n’y a pas d’âge pour être coquette.


* La vie à deux

Nos tourtereaux roucoulent comme de jeunes amoureux. Les gestes quotidiens désormais partagés deviennent des moments de jeux, de détente, de plaisir, à l’image de cette scène du bain où ils s’aspergent mutuellement en rigolant, comme des enfants. Au travers de longs plans fixes, le spectateur est invité à partager leur intimité, sans aucun voyeurisme car la caméra ne rougit pas et ne se détourne pas. Posée à même sol, sur le seuil de la chambre à coucher, ou bien dans l’embrasure d’une porte, elle ne vole pas ces instants de bonheur mais les saisit fidèlement. Et ce quotidien, si normal pour nos deux protagonistes devient soudain à l’écran quelque chose d’extraordinaire.

Peut-être que de nombreux spectateurs se sont sentis mal à l’aise d’avoir été les témoins involontaires de leurs ébats amoureux. Mais qu’est-ce qui les a le plus choqué ? Le fait que des personnes âgées puissent avoir une vie sexuelle ? Ou bien que celle-ci soit plus active que la leur ? Et quelle honte y a-t-il à s’aimer, même à un âge avancé ? Grand-père Park et Grand-mère Lee ne cherchent nullement à s’en cacher. Ils s’aiment et c’est pourquoi ils se marient. D’ailleurs, leur relation rencontre aussi les mêmes épreuves que celles des jeunes couples, et ils ne sont pas à l’abri de vives querelles. Mais lorsque Lee Sun-ye tombe malade, son mari dévoué est tout attentionné et va jusqu’à préparer une poule-au-pot au bouillon revigorant pour sa bien-aimée.


* Il n’est jamais trop tard pour aimer

Et maintenant, un mot sur le titre coréen et sur sa traduction. En Corée, le film s’intitule « Jugeodo Joa » ce qui signifie mot pour mot « Cela m’est égal de mourir » ou encore « Mourir aussi, ça me va ». Ce sens est justement à l’opposé du titre anglais « Too young to die » qui a été traduit à l’identique en français. Et pourtant, les deux significations ne se contredisent pas. En effet, trouver l’amour à un âge avancé peut paraître triste d’une part car il ne reste que peu de temps pour en profiter, mais d’un autre côté, puisque cet amour, on l’a enfin trouvé, on peut mourir tranquille et heureux.

Il faut aller voir ce film avec un esprit ouvert. Notre regard sur les personnes du troisième âge risque de s’en trouver bouleverser. Applaudissons nos deux protagonistes qui ont réussi à nous faire oublier leur âge et que l’on remercie pour leur sincérité et leur naturel face à la caméra. Se dévoiler ainsi n’est pas chose facile et ils se sont prêter au jeu avec grâce et modestie.

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