jeudi 29 juillet 2010

cinema coreen : Hwang Jin-yi

Cette semaine, nous allons vous présenter un film historique qui est sorti l’année dernière en Corée et qui s’intitule « Hwang Jin-yi », du nom de son héroïne. Réalisé par Jang Yoon-hyeon, le film retrace l’histoire de cette femme du nom de Hwang Jin-yi, ici incarnée par l’actrice Song Hye-gyo, qui aurait vécu vers le milieu du seizième siècle. Mais qu’avait-elle de si particulier pour que l’histoire ait retenu son nom ?


* Une courtisane poétesse

Hwang Jin-yi était une courtisane fort douée pour les lettres et en particulier, la poésie. Elle fait aujourd’hui partie des grands noms de la littérature coréenne et ses poèmes sont toujours inclus dans les programmes scolaires. Malheureusement, à part les œuvres signés de sa main qui nous sont parvenus, on a très peu d’indices concernant sa vie, son enfance, son histoire en général. On sait seulement qu’elle fut élevée dans une famille noble mais que sa mère n’était qu’une simple domestique. A cette époque, on naissait dans une classe sociale et l’on y restait toute sa vie. Promise à un avenir médiocre tout au plus, elle aurait donc choisi la vie de demi-mondaine au détriment d’une existence de servitude. Toutes les zones d’ombres qui entourent le personnage en font un sujet de prédilection pour les romanciers qui ont commencé à s’intéresser à elle au cours du vingtième siècle.

Dans son film, le réalisateur prend le partie de s’intéresser à l’intrigue romanesque en introduisant un jeune garçon du nom de Nomi, incarné par Yoo Ji-tae, orphelin et valet au service de la petite Hwang Jin-yi qui le traite plus comme un compagnon de jeu qu’un domestique. Notre décor ainsi planté, les sentiments innocents des deux enfants peuvent grandir et s’épanouir au fil du temps, et ce, malgré les années de séparation suivants le départ du jeune Nomi.


* Pleine Lune et Robin-des-bois

A son retour, ce n’est plus un garçon mais un homme qui vient saluer une Hwang Jin-yi en âge de se marier. Et comme à cette époque, les mariages étaient toujours arrangés, on s’était déjà occupé de lui trouver un fiancé. Les choses vont encore se compliquer lorsque la vérité sur la mère biologique de Hwang Jin-yi éclate au grand jour. Incapable de continuer à mener une vie de princesse alors qu’elle sait que ces privilèges ne lui sont pas dus, elle fait le choix de devenir une courtisane et prend alors le nom de Myeong-weol qui signifie « Pleine Lune ». Nomi de son côté, avec son âme épris de justice et son grand cœur, devient un peu le Robin des Bois des villageois auxquels il vient en aide en volant les riches. La situation ne plait guère au nouveau gouverneur de la région qui se met alors en quête de les conquérir tous les deux : Hwang Jin-yi d’une part, qui persiste à se refuser à lui, et Nomi d’autre part, qui n’a de cesse de piller ses convois de riz.


* Un amour impossible

C’est pour sauver l’homme qu’elle aime que Hwang Jin-yi finit par céder aux avances du gouverneur. Malheureusement, il n’y a pas de fin heureuse pour elle et Nomi, leur amour étant condamné dès le départ. Ah, nostalgie de l’enfance où il pouvait la porter sur le dos sans que personne n’y trouve à redire ! C’est assez ironique de constater que tous deux ont vécu la vie qu’ils avaient choisis, preuve qu’ils étaient libres de faire ces choix. Et que malgré cette indépendance, ils n’avaient pas la liberté de s’aimer. Etre capable de narguer un gouverneur du bout de son épée ou de son pinceau tout en étant dans l’incapacité de s’unir à l’être aimé, c’est un comble tout de même ! Et pourtant, c’est le sort tragique de tous les grands amants de la littérature, de Lancelot et Guenièvre à Roméo et Juliette, en passant maintenant par Nomi et Hwang Jin-yi…

Au delà de l’intrigue, l’intérêt de ce film réside aussi dans ses somptueux hanboks, les costumes traditionnels coréens. Les coiffes des courtisanes de l’époque, tout en volume et accessoires, ne sont pas sans rappeler les coiffures qui séviront dans toutes les grandes cours d’Europe quelques deux siècles plus tard. Ce film est à la fois un ravissement pour les yeux et pour le cœur des sentimentaux.

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