jeudi 29 juillet 2010

cinema coreen : Take off

Le moins que l'on puisse dire, c'est que le saut à ski n'est pas un sport qui fasse vibrer les foules. Ce sport plutôt obscur est pourtant le sujet du dernier film sensation de l'été. Il est intitulé « Take off » en anglais, et « Gukga daepyo » en coréen, ce qui signifie « équipe nationale »... tout un programme.

« Take off » a été réalisé par Kim Yong-hwa, le réalisateur auquel on doit les comédies grand public « Oh brothers! » et « 200 pounds beauty ». Tourné dans des conditions extrêmes, pendant 4 mois au creux de l'hiver, le film a aussi bénéficié des conseils techniques de la véritable équipe nationale sud-coréenne de saut à ski.

En effet, le film est inspiré d'une histoire vraie : en 1997, dans le but de soutenir la candidature de la petite ville de Muju à l'organisation des Jeux Olympiques de 2002, une équipe de saut à ski est créée de toutes pièces. Ses membres sont de purs débutants, et on comprend tout de suite le potentiel comique de ce « rasta rocket » coréen.

Le leader de l'équipe est interprété par Ha Jeong-woo, sans doute le meilleur jeune acteur du cinéma coréen d'aujourd'hui, dont a notamment pu admirer le talent dans « My dear enemy ». Son personnage est un jeune coréen qui a été adopté enfant par une famille américaine, et qui revient dans son pays natal pour retrouver sa mère biologique. L'adoption est un sujet très intéressant, mais il requiert aussi beaucoup de délicatesse... un tact dont le film, qui s'autorise quelques simplifications à l'eau de rose, est fort dépourvu.

Le talent de Ha Jeong-woo permet cependant de rendre convaincant son personnage de type un peu dur qui cherche à se faire accepter par une société qui l'a rejeté. Il est accompagné de jeunes sportifs paumés mais sympathiques, qui vont devoir apprendre les bases d'un sport qu'ils ignorent totalement. Apprendre le saut à ski pendant l'été, au beau milieu de l'immense chantier des installations de sports d'hiver se révèle un défi plutôt hilarant. Au cœur des belles montagnes de Muju, ils vont rivaliser d'ingéniosité pour se préparer au grand jour.

Le film offre les figures imposées du film sportif, et quelques séquences d'entraînement très amusantes. La scène où toute l'équipe se retrouve pour la première fois, verte de peur, au sommet de l'impressionnante rampe, à se jauger l'un l'autre pour savoir qui aura le courage de s'élancer le premier, est par exemple plutôt très drôle.

« Take Off » essaie de refléter l'internationalisation croissante de la société coréenne, en mettant en scène quelques personnages étrangers. Une louable intention, hélas gâchée par une représentation très caricaturale des étrangers, comme trop souvent : les femmes chinoises sont jolies et soumises, et les américains sont agressifs et stupides. Quand au public international, il vibre de tout cœur pour l'équipe nationale de Corée...

Bien évidemment, avec un titre pareil, on pouvait s'attendre, à raison, à des relents nationalistes bien inutiles, qui polluent la fraîcheur de l'histoire et l'attachement que l'on éprouve pour cette équipe de bras cassés. Car par ailleurs le film est impeccablement réalisé. Les scènes où les héros filent sur l'immense piste, dents serrées, avant de s'envoler au dessus des montagnes sont tout simplement superbes, à couper le souffle. Sur grand écran, c'est magique. « Take Off » est sans doute le plus beau film réalisé sur le ski jumping... même si c'est aussi, à ma connaissance, le seul !

« Take off » est donc, par essence, un film coréen, c'est à dire souvent outrageusement nationaliste, parfois caricatural, toujours sentimental... et aussi très drôle, enthousiasmant, attachant, et véritablement impressionnant. N'hésitez donc pas à faire le grand saut, et allez le voir, de préférence sur grand écran !

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