jeudi 29 juillet 2010

cinema coreen :The sword with no name

Un film à grand spectacle sorti juste avant les grandes fêtes coréennes de Chuseok, une adaptation romancée des derniers jours d'une impératrice très populaire, des effets spéciaux étonnants, un duo de bons acteurs, des combats au sabre, et même des ninjas... « The sword with no name », le dernier long-métrage de Kim Yong-gyun, rassemble, en apparence, tous les ingrédients d'un film à succès...

Le candidat blockbuster du mois est donc « The Sword with no name », dont le beau titre en coréen est : « Bulkot cheoreom, nabi cheorom », que l'on pourrait traduire par « Comme un pétard, comme un papillon ». Mais ce ne sont pas de papillons que les scénaristes ont abusé en écrivant leur histoire : prenant beaucoup de liberté avec la vérité historique ou même tout souci de vraisemblance, ils racontent avec fantaisie les derniers jours, à la fin du 19ème siècle, de la dynastie Joseon en lutte aux Japonais qui ont commencé à assoir leur emprise sur la péninsule.

La principale protagoniste est la célèbre impératrice Myungsung que l’on appelle plus couramment reine Min, un personnage historique coréen emblématique, dont l'histoire tragique a été déclinée à de nombreuses reprises, sous formes de livres, de comédies musicales, ou encore de films. Assassinée par les Japonais en 1895, elle est devenue un symbole de la lutte contre les colonisateurs.

Au début du film, notre reine Min, interprétée par l'actrice Su-ae, se promène tranquillement dans un marécage. Elle y rencontre par hasard un tueur en gage, qui, se sentant d'humeur à batifoler, décide de tomber éperdument amoureux de la belle monarque. En pamoison, cet assassin sans nom, interprété par Cho Seung-woo, devient même un garde du palais afin de protéger sa majesté. Armé d'un couteau de poissonnier qu'il ne quittera pas de tout le film, il sauve avec courage la reine de tous les attentats ourdis par ses rivaux, comploteurs de palais, beaux-père et autres Japonais sournois, qui ont juré sa perte.

Car notre jeune reine se bat pour sauver son pays, et se révèle fin diplomate: elle réussit à tisser des liens avec les toutes premières délégations étrangères à s'installer en Corée, par exemple en mangeant avec eux du chocolat, et en essayant des robes à corset. Elle devient notamment amie avec une diplomate française, interprétée par l'actrice Sophie Broustal. (Saluons au passage le choix judicieux des producteurs d'utiliser enfin une véritable actrice pour un rôle d'étranger.)

Car le 20ème siècle arrive en Corée, et avec lui tout son cortège de modernité : l’empereur Gojong, le mari de la reine Min, fait installer l'électricité dans son palais, et utilise les services d'un médecin occidental. Ces premiers pas de la Corée dans le monde moderne sont vraiment intéressants, mais ils sont hélas à peine esquissés, le réalisateur préférant s'attarder sur l'histoire d'amour platonique entre la reine et son soupirant transi, et surtout, sur les combats d'épée.

Ah, les combats d'épées ! A grands renforts d'effets spéciaux, très influencés par l'esthétique des jeux vidéos, ils sont souvent impressionnants même si totalement invraisemblables. Notre héros va jusqu'à affronter une armée rebelle à lui tout seul, façon Rambo, et se battra même contre des ninjas ? Malheureusement, ces intermèdes Mortal Kombat tombent un peu comme un cheveu dans la soupe : car il s'agit pour le reste d'un film historique en costumes, avec ses hanboks somptueux, ses coiffures compliquées, ses barbiches postiches et ses petits chapeaux.

La fin de l'histoire est connue : la reine Min finira assassinée par les Japonais dans son palais. Le film offre ici une version gore et non expurgée de l'assassinat, montrant au spectateur terrorisé les lames qui transpercent au ralenti, et sous des torrents d'hémoglobine, la malheureuse Min, sous les yeux impuissants de son soupirant littéralement cloué au sol. Une violence inutile et plutôt désagréable. Peinant à rendre crédible la romance invraisemblable entre la reine et son garde du corps, le film semble donc ainsi hésiter sur la direction à prendre pour être plus qu'un simple feuilleton télé. Les derniers jours de la dynastie Joseon, l'une des périodes les plus intéressantes de l'histoire coréenne, méritaient sans doute mieux.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire