Small town rivals

Avant la sortie imminente du très attendu « Guremeul beosonan dalcheoreom », le dernier film de Lee Jun-ik, l'équipe ciné de la KBS a décidé de vous présenter quelques films joués par les acteurs de ce prochain long-métrage. Après Hwang Jeong-min la semaine dernière, intéressons-nous cette semaine au grand acteur Cha Seung-won, et de son film « Small town rivals», une satire politique bouffonne et agitée.
Cha Seung-won, c'est un peu le Patrick Viera du cinéma coréen : avec sa haute taille et ses jambes immenses, il dépasse le reste de ses co-équipiers d'une bonne tête, sympathique qui plus est. Cha est, littéralement, un grand acteur, qui a commencé sa carrière cinématographique dans de nombreuses comédies à succès. « Small town rivals», réalisé en 2007 par Jang Gyu-seong, en est justement une. Nous sommes dans un petit village reculé d'une province perdue au fin fond de la campagne coréenne : un lieu idyllique, donc. Mais le calme des champs de piments va bientôt être troublé par de sanglantes luttes politiques.
Jo Choon-sam, interprété par Cha, est un jeune agriculteur célibataire, qui s'occupe seul de son père malade. Malgré ses fanfaronnades et son mauvais caractère, il est choisi par ses concitoyens pour devenir le chef du village. Son petit triomphe sera de courte durée : un nouveau gouverneur du district vient d'être fraîchement élu, et ce dernier n'est autre que son ancien camarade d'école primaire, No Dae-gyu. No, qui est interprété par Yoo Hae-jin, était l'éternel perdant et l'éternel second de Jo à chaque élection du délégué de classe... Et Jo ne supporte pas de voir cet ancien second couteau, devenu un brave père de famille et un politicien intègre, réussir ainsi dans la politique. Nos Balladur et Chirac des bacs à sable vont ainsi, vingt cinq ans plus tard, renouer avec leur absurde rivalité d'enfance. Visites de marchés, serrages de mains, manifestations, grèves de la faim, trahisons, coups bas et pots de vins : cette satire bouffonne de la politique coréenne ne fait pas dans la dentelle.
Le jeu des acteurs non plus, d'ailleurs : Cha Seung-won notamment ne ménage pas sa peine, en paysan mal dégrossi et surexcité, qui saute de partout et enchaîne les grimaces. « Small town rivals» est ainsi une comédie coréenne conventionnelle et balisée, avec ses inévitables scènes lacrymales et son humour très scatologique. Certaines scènes - notamment celle mémorable et hilarante de la fausse immolation par le feu - vous tireront de francs éclats de rire. Tout à son ambition satirique, le film met tout le monde dans le même panier : il se moque des politiciens et des vieux margoulins véreux qui les corrompent, mais aussi des manifestants et de toute une culture coréenne de l'activisme et de la dissidence, qui elle ne méritait sans doute pas pareil traitement. Le film fait cependant mouche sur de nombreux points, comme par exemple l'importance des liens tissés à l'école, la prépondérance du diplôme dans toute carrière, et la difficulté de conserver son intégrité. Car il faut bien entendu voir dans cette satire de microcosme campagnard la critique d'un univers politique lui bien national.
Sans surprise, le film finit bien : le bon sens paysan et l'amitié finiront par l'emporter. S'il est ni subversif ni vraiment décapant, le film reste sympathique et drôle. Si vous aimez la campagne du pays du Matin clair, et si vous voulez avoir un aperçu burlesque de la politique sud-coréenne, alors n'hésitez pas, votez pour « Small town rivals» !






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