jeudi 29 juillet 2010

cinema coreen :Runninf turtle

Oscillant entre le film d'action, la comédie, et le policier, « Running turtle », le deuxième film du réalisateur Lee Yon-woo, est surtout un film complet, très réussi et haletant, qui ne laisse pas un instant de répit au spectateur.

On avait déjà repéré l'acteur Kim Yoon-seok dans « The Chaser », où il interprétait avec talent un policier véreux qui traque un psychopathe. On le retrouve ici dans un rôle similaire : il incarne Jo Pil-sung, flic d'une petite ville de province, Yesan. Pil-sung est un policier quarantenaire et véreux ; pour arrondir ses fins de mois, il n'hésite pas une seconde à faire équipe avec les petites frappes locales, qui lui lâchent régulièrement quelques dessous de table. Ce qui ne l'empêche pas d'être fauché comme les blés : sa femme, qui tient un manhwabang, un petit salon où on peut lire des bande-dessinées, lui tombe régulièrement dessus à bras raccourcis et lui reproche ne pas ramener assez d'argent pour élever leurs deux petites filles. La vie de Pil-sung va basculer lorsque Song Gi-tae, un criminel expert en arts martiaux et recherché par la police, trouve refuge dans la ville, pour y retrouver une ancienne petite amie et organiser sa fuite à l'étranger.

Sans lui demander sa permission, Pil-sung a vidé le compte en banque de sa femme, pour pouvoir faire un pari sur un combat de taureaux, un pari gagné... Mais Gi-tae lui vole la valise de billets, et lui mets la trempe de sa vie. Un malheur n'arrivant jamais seul, Pil-sung perd son emploi de policier, et se fait mettre à la porte de chez lui par sa femme folle de rage. Il n'aura de cesse de prendre sa revanche, et va réunir autour de lui une fière équipe de bras cassés, une alliance improbable avec les petits gangsters locaux et les jeunes du club de taekwondo du coin, dans le but de remettre la main sur le butin et mettre le fugitif derrière les barreaux. Mais ce dernier, non seulement imbattable en arts martiaux, se révèle aussi à la fois courageux et astucieux : l'attraper ne sera pas une partie de plaisir.

Avant même de développer son histoire, le réalisateur prend un plaisir évident à planter son décor. Tous les recoins et les personnages typiques d'une petite ville de province sud-coréenne sont explorés, de l'école locale et de la fête municipale jusqu'au vieux commissariat de la ville et aux dabangs, ces petits salons de thé où des filles en jupe trop courte offrent parfois plus que le café. Si le film prend son temps, il n'est jamais ennuyeux, et on suit avec jubilation la course poursuite et la lutte qui s'installe progressivement entre les deux hommes. Pil-sung, qui n'est pas toujours très malin mais qui ne renonce jamais, entraîne le spectateur dans divers lieux, des rizières où se cachent ses hommes jusqu'à un petit port de pêche voisin. Le dénouement final est sans surprise, même si l'on se surprend à souhaiter à Gi-tae de s'en sortir. Car si celui-ci ne s'enfuit pas, c'est parce qu'il est amoureux d'une très charmante jeune fille du coin, et cet amour causera sa perte...

C'est justement là la principale qualité du film : la profondeur psychologique de ses personnages. Kim Yoon-seok est plus que convaincant en ripou désabusé et fatigué, qui tente d'être un bon père de famille malgré tout ; et sa performance y est pour beaucoup dans le plaisir qu'on a à voir le film. Quant à Gi-tae, le criminel, il finit par être sympathique à force d'être traqué. « Running turtle » est aussi un film très drôle : tout ce petit monde qui s'agite au milieu des champs prête beaucoup à rire, de même que la galerie de personnages très colorés, du professeur de taekwondo pas très futé aux policiers surexcités. Quant à la réalisation, elle est impeccable. Grâce à son atmosphère très réussie et son histoire solide, « Running Turtle » se laisse regarder avec beaucoup de plaisir. N'hésitez donc pas !

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