jeudi 29 juillet 2010

cinema coreen : The moonlight of Seoul

Deuxième long métrage du réalisateur Yoon Jong-bin, « Beastie Boys », connu à l’étranger sous le nom de « The moonlight of Seoul », est une plongée tragique et sombre dans le Séoul des nuits interlopes et illicites. Il nous entraîne dans l'univers malsain de la prostitution masculine, un voyage au bout de l'enfer décrit avec la minutie d'un documentaire, et le talent d'un grand cinéaste.

Seung-woo et Jae-hyun sont deux beaux et élégants jeunes hommes. Ils travaillent dans un «host bar», c'est à dire un karaoké de luxe, où des femmes qui en ont les moyens se paient la compagnie de garçons faciles, lesquels leur font la conversation, leur servent à boire... et leur offrent plus si affinités. Un phénomène plutôt méconnu sur lequel le cinéaste, Yoon Jong-bin, s'est penché avec une attention toute documentaire.

En suivant la vie quotidienne de ses personnages et leur descente aux enfers, il montre quels mécanismes implacables finissent par faire d'eux de véritables salauds, et comment l'illusion d'un argent facilement gagné brise leurs existences. Un engrenage monstrueux et dramatique, dont personne, en dehors des clients fortunés et méprisants, ne sort indemne.

Dans ce business sordide, Jae-hyun est un vétéran. Il est interprété avec talent par Ha Jeong-woo, cet excellent acteur que l'on a pu déjà admirer dans de nombreux succès récents, parmi lesquels «Take Off», «My Dear Enemy», ou encore «The Chaser». Jae-hyun est joueur ; il est poursuivi par son usurier mais ne peut s'empêcher de flamber, et il ne parvient pas à rembourser ses dettes. S'il est capable, en véritable professionnel, de jouer la comédie de l'amour, son métier l'a en revanche rendu incapable de comprendre et d'avoir une véritable relation amoureuse. Il vit avec une call girl de luxe, une brave fille éprise de lui, qu'il trompe... avec d'autres prostituées.

Jae-hyun prend sous son aile le débutant Seung-woo, interprété par Yoon Gae-sang, un ancien membre du célèbre boysband g.o.d. Seung-woo est persuadé que ce travail n'est que temporaire, le temps de combler ses dettes et d'économiser de quoi mener des projets qui lui tiennent à cœur. Il finit par tomber amoureux de l'une de ses clientes, la très attirante Ji-won, jouée par la belle Yoon Jin-seo, l'actrice qui jouait le personnage de la sœur adultère dans «Old Boy» de Park Chan-wook.

Ji-won, comme en réalité la plupart des clientes habituées des host bars, est aussi une prostituée. Elle s'y rend régulièrement, avec ses collègues de malheur, pour évacuer le stress que lui apporte son activité, et aussi pour prendre une certaine forme de revanche : subissant nuit après nuit les humiliations de leurs clients, ces filles plutôt fortunées viennent ici pour dégrader, à leur tour, des hommes. De même que Jae-hyun, et tous les autres, ces filles sont incapables d'envisager une relation qui ne soit pas basée sur un rapport de force, au pouvoir et à l'argent. Un cercle infernal, absurde, et tragique, qui profite, comme toujours, aux maquereaux et aux prêteurs sur gages.

Vous l'aurez compris, « Beastie Boys » est un film dur. Sous le faux-semblant des apparences – car ces jeunes sont très cools, s'habillent de marques de luxe, et semblent à première vue s'amuser -, très rapidement est mise à jour la réalité sordide de l'engrenage dans lequel ces jeunes Coréens se perdent. Toute l'ambigüité de ce métier qui, d'une certaine façon, fascine, est transposée avec talent à l'écran.

Sous ses fausses apparences glamour, « Beastie Boys » est donc une véritable critique sociale, d'autant plus efficace que le film est réussi. Les images de ce Séoul nocturne et tragique sont superbes, et sont de plus accompagnées d'une très belle bande-son. Ne manquez donc pas ce film remarquable et méconnu : vous ne verrez plus jamais Séoul de la même façon.

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