jeudi 29 juillet 2010

cinema coreen : Castaway on the moon

C'est l'histoire d'un homme qui se retrouve abandonné sur une île déserte, et qui doit lutter pour survivre: une histoire archi-connue, me direz-vous ? Eh bien, pas vraiment... Car l'île dont je vous parle n’est autre que Bamseom qui se trouve sur le fleuve Han, en plein cœur de Séoul. Bienvenu à « Castaway on the Moon », le deuxième film farfelu et hilarant du réalisateur Lee Hae-jun.

Monsieur Kim a des ennuis. Sa copine l'a plaqué, il a perdu son travail, son usurier le poursuit. Contemplant du haut d'un pont sa misère et les eaux grises du fleuve Han, il n'hésite pas longtemps : il saute. Mais il sera dit que Kim ratera tout, même son suicide. Il reprend donc ses esprits sur une petite île déserte, quelques centaines de mètres en aval. Il est au beau milieu de la capitale sud-coréenne, mais n'a aucun moyen de rejoindre une civilisation pourtant à portée de main. Car notre Robinson urbain ne sait pas nager, et a une peur bleue de l'eau.

Cependant, peu à peu, il découvre les avantages de sa nouvelle situation. Il apprend à pêcher, se bricole une cabane, joue au golf, profite de la vie au grand air... Dans cet inattendu et improbable coin de paradis, une seule ombre au tableau : M. Kim rêve de manger des « jajangmyeon », ces nouilles à la sauce noire, l'un des plats coréens les plus populaires... Une envie qui finit par tourner à l'obsession.

Qu'à cela ne tienne ! M. Kim a de la ressource, et il va se mettre à cultiver tous les ingrédients nécessaires à la confection de ses nouilles tant désirées. Une quête culinaire qui, depuis le tout début de l'installation de Kim sur l'île, est observée par une jeune fille très perturbée. Cette demoiselle anonyme vit recluse dans sa chambre, se nourrit de boîtes de maïs, dort dans son placard, et refuse d'ouvrir à ses parents. Quand elle se promène, c'est sur Internet. Elle passe de longues heures à sa fenêtre, à observer Séoul avec ton téléobjectif. Son appartement est situé juste en face de l'île de M. Kim, dont elle observe les aventures potagères et les allers-venues agitées avec un intérêt tout scientifique. Elle est persuadée que Kim est un extra-terrestre, et elle décide de tenter de communiquer avec lui... en anglais.

Ce film de Lee Hae-jun est une comédie très poétique, qui mène son spectateur par le bout du nez, et l'entraîne de surprise en surprise. De nombreuses scènes sont très drôles, et les éclats de rire nombreux. Un comique soutenu par l'interprétation réussie des deux acteurs principaux, Jeong Ryeo-won et Jeong Jae-yeong. Ce dernier en particulier fait preuve d'un véritable talent de clown. Une chevelure hirsute, un caleçon bleu et informe, et des tongs taillées dans une bouteille en plastique : l'acteur de « Welcome to Dongmakgeol » déclenche souvent l'hilarité. On rit de bon cœur, de l'absurdité de la situation, des blagues gentiment scatologiques, et de la folie lunaire et tendre de nos deux ahuris.

Le film s'appuie sur un scénario très réussi, basé sur une idée de départ originale et excitante. Le réalisateur prend plaisir à développer son histoire dans les moindres détails ; son film fourmille d'idées visuelles et d'astuces, dans une atmosphère qui n'est pas sans rappeler celle des films de Michel Gondry. Cette histoire de deux extra-terrestres bénéficie aussi d'une bande-son enjouée, façon Yann Tiersen, et d'une photo impeccable : les images de « Castaway on the moon » sont belles.

Au delà du rire et de la poésie, ce film est aussi une réflexion sur la vie moderne. Les moyens de communication omniprésents dont dispose une grande ville ultramoderne comme Séoul, n'empêchent pas le désespoir quotidien, l'aliénation, de ses habitants. Ceux qui sont incapables de s'adapter se retrouvent encore plus seuls, encore plus isolés. Et c'est dans les marges qu'ils finiront par trouver le bonheur, rejoignant là de nombreux personnages du cinéma coréen.

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