La saison des pluies

« Ho-u si-jeol », ou « La saison des pluies », est la dernière œuvre du réalisateur Hur Jin-ho, grand spécialiste de films romantiques et de mélos, à qui l'on doit les désormais classiques « April snow », « Christmas in August », et « One fine Spring day ». Hur Jin-ho nous revient cette fois de Chine, où il nous raconte une romance inhabituelle entre une jolie Chinoise, et un beau Coréen...
Dong-ha est Coréen; il occupe un poste à responsabilité pour un conglomérat sud-coréen de BTP. L'entreprise s'est implantée à Chengdu, la grande ville au sud-ouest de la Chine ravagée par le tremblement de terre de mai 2008 qui a fait 68 000 morts. Dong-ha se rend donc dans l'empire du Milieu, et profite de son voyage pour retrouver May, une jeune et très jolie guide chinoise. Ce qui s'est passé autrefois entre May et Dong-ha, on ne le saura pas vraiment. Tout juste apprend-on que ces deux-là se sont aimés, et qu'ils ont connu une période plus heureuse et plus insouciante qu'aujourd'hui. Car une étrange pesanteur est à présent posée sur eux; Dong-ha, interprété par Jeong Woo-sung, est comme empesé, raidi, jamais à l'aise. May, interprétée par l'actrice chinoise Gao Yuan-yuan, est de son côté beaucoup plus radieuse et naturelle. Mais cette luminosité est feinte, et la jeune femme cache un lourd secret...
Le beau Coréen toujours coincé et la superbe jeune Chinoise rayonnante se retrouvent ainsi pour quelques jours dans les rues de Chengdu. De café en restaurant, Dong-ha et May évoquent leurs souvenirs, et leurs projets de jeunesse abandonnés. Ils communiquent en anglais, ce qui n'est pas une mince performance de la part des acteurs, dont ce n'est pas la langue natale. Mais il s'agit presque d'un détail, car malgré la barrière linguistique, le courant passe entre les deux amants, dont l'anglais maladroit rend au final la liaison plus touchante. Lui voulait devenir poète, elle commencer à écrire une thèse : le film ne craint pas à l'évidence d'utiliser les clichés les plus éculés, et on lui pardonnerait presque. Certes, le scénario est creux. Oui, le film n'hésite pas non plus à se faire touristique, avec des plans de carte postale sur parcs, temples, et pandas. C'est vrai aussi qu'on comprend parfois mal ce qui attire l'un vers l'autre Dong-ha et May, en dehors de l'attrait inévitable de l'exotisme. Mais paradoxalement il n'est pas désagréable de se laisser porter par cette histoire d'amour lente et douce. Musique triste, longs plans contemplatifs, chaleur des lumières et de la caméra, le film fonctionne sans doute parce que le réalisateur croit à son histoire. Ses deux acteurs principaux aussi, et interprètent avec conviction leurs personnages.
Il est assez rare de voir le cinéma coréen s'intéresser à des histoires d'amour entre Coréens et étrangers. Or celle-ci est réussie, et évite avec soin la caricature et les simplifications. De nombreuses scènes sont justes; ces adieux à l'aéroport, ces départs qu'on prolonge, ces cafés pris ensemble, en se disant que ce sera le dernier, ce premier pas qu'on n'ose pas faire, ces longues ballades silencieuses dans des décors étrangers. Le film est aussi à sa façon très sensuel, même s'il ne comporte qu'une seule scène de baiser. En toile de fond triste, la tragédie du tremblement de terre qui a dévasté le Sichuan. S'il n'insiste pas là-dessus, le film est néanmoins parsemé de part en part des cicatrices laissées par le drame, et ce dernier aura un rôle dans l'histoire.
De facture très classique, « La saison des pluies » est donc un mélo traditionnel qui se laisse néanmoins regarder avec plaisir. Il devrait ravir les amateurs de romances, et de films à l'eau de rose qui ne sentent pas trop le patchouli, ainsi que les nombreuses admiratrices de l'acteur Jeong Woo-sung, lequel s'est récemment spécialisé dans les mélos pas trop compliqués. Quant à la belle actrice Gao Yuan-yuan, c'est une révélation, et on espère revoir très bientôt son sourire ravageur sur les écrans.






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