Haeundae

Vous connaissez sans doute tous Haeundae, la plus célèbre plage de Corée. Située à Busan, cette grande plage touristique peut attirer pas moins de 100 000 visiteurs par jour ; ceux-ci viennent de toute la Corée et d’ailleurs, pour profiter, en groupe très compact, du soleil, des bikinis, et des vacances. Devenue un lieu symbolique de villégiature, cette plage vient de se faire emporter par la vague coréenne… une très, très grosse vague !
« Haeundae », du réalisateur Yun Jae-gyun, imagine ce qui se passerait si Busan se faisait submerger par un tsunami, comme celui qui a ravagé les côtes du sud-est asiatique en 2004. Il s’agit donc d’un film catastrophe, un genre peu fréquent dans le cinéma sud-coréen. C’est aussi un blockbuster, c’est à dire un film à grand spectacle de type hollywoodien, dont le but est d’attirer pendant l’été un maximum de spectateurs, alléchés par la curiosité de voir un lieu coréen mythique se faire dévaster, par la ribambelle de stars, et bien sûr, par les célèbres bikinis de Haeundae !
Le grand acteur Seol Kyung-gu, que l’on a pu voir dans « Oasis » et « Peppermint Candy », joue le rôle de Man-sik, un ancien marin retiré des bateaux depuis qu’il a perdu un ami en mer lors du grand tsunami de 2004. Malgré de sérieux problèmes d’alcool, il veille sur Yeon-hee, la fille de son ami disparu, interprétée par Ha Ji-won. Yeon-hee vient d’ouvrir un restaurant de fruits de mer, face à la célèbre plage...
Yeon-hee et Man-sik sont accompagnés de toute une galerie de personnages sympathiques, chacun incarnant un stéréotype bien marqué : nous avons donc le scientifique, un Cassandre que personne ne veut croire quand il annonce l’arrivée imminente de son ‘mega-tsunami’… et surtout pas son ex-femme, qui néglige leur fille pour sa carrière. Nous avons aussi le personnage du politicien ambitieux mais qui a bon fond... Il y aura, bien sûr, le beau sauveteur courageux, qui tombe amoureux de la jeune touriste en goguette, venue de Séoul pour passer du bon temps.
Tout ce petit monde vit et s’agite, ignorant du désastre qui se prépare. C’est l’occasion de nombreuses scènes de vie quotidienne, certaines plutôt drôles, d’autres plus dramatiques. Le film brosse ainsi un portrait attachant du petit peuple coréen, râleur, maladroit, alcoolique et braillard, mais toujours très humain. En décor, Busan, et sa côte défoncée par le bétonnage à outrance et les interminables barres d’« appateuh », comme on appelle les grands immeubles d’habitation coréens… qui vont bientôt se faire balayer par le raz-de-marée qui arrive.
Les images du désastre sont impressionnantes. Le spectateur voit au plus près l’immense vague qui vient se fracasser sur Haeundae, déclenchant la panique au milieu des baigneurs, ravageant tout sur son passage… d’autres vagues vont suivre, achevant d’emporter les immeubles encore debout, laissant quelques survivants terrorisés au milieu des décombres. Les effets spéciaux sont réussis, et les scènes de catastrophe sont très crédibles. Bien entendu, il s’agit d’un film coréen grand public, c’est à dire qu’il n’a pas pu faire l’économie de nombreuses scènes pathétiques et tire-larmes un peu longuettes. Vous aurez donc droit à beaucoup d’adieux déchirants, hurlés, et même filmés au ralenti pour que ça dure plus longtemps. Pour un Coréen, c’est plus fort que lui : même lorsque le méga-tsunami lui fonce droit dessus, il se sent obligé de sortir les violons, et de demander pardon au monde entier en pleurant.
Malgré ces scènes un peu superflues, le film remplit parfaitement sa fonction de film d’été. Il vous fera rire, pleurer, et vous laissera sans voix assister à l’anéantissement de Busan. Les funérailles finales, dans la ville ravagée par les eaux, donnent aussi à réfléchir sur le plaisir que prend le cinéma coréen à mettre en scène l’aventure et l’héroïsme, surgis au milieu du décor le plus quotidien.






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