Crossing

Un nouveau film fait en Corée du Sud, mais qui traite de la Corée du Nord, est sorti en salles cette année et commence à être vendu dans différents pays. Il s’agit de “Crossing” de Kim Tae-gyun.
L’originalité du film, tourné en Mongolie, en Chine et en Corée du Sud, tient surtout à sa vision de la Corée du nord, d’une réalité humaine. Les aspects politiques et sociaux ne sont qu’effleurés, le réalisateur lui-même voulait en rester éloigné.
Un père de famille, mineur, mais ex-joueur de football national et donc décoré, apprend dans la douleur que sa femme est très malade, beaucoup plus qu’il ne pensait, et qu’elle a besoin de médicaments qui sont introuvables. Un voisin qui a beaucoup voyagé à l’étranger lui conseille d’aller se fournir de l’autre côté de la frontière, bien qu’il n’ait ni raison officielle ni autorisation de sortir du territoire. C’est ce qu’il se décide à faire, et il laisse sa femme et son petit garçon au village pendant qu’il prend la route. Non sans hésitations, puisqu’entre-temps son voisin est arrêté et déporté par la police pour importation clandestine de bibles et prosélytisme religieux.
Son chemin sera difficile, depuis le passage illégal de la frontière, en passant par la recherche d’un travail pour obtenir suffisamment d’argent pour les médicaments, jusqu’à la fuite de la police de l’immigration qui traque les travailleurs clandestins en Chine, avec à ce moment-là, la perte de son argent. Le film souffre en fait de cet excès de drame propre aux réalisations coréennes, le principe de la spirale descendante, un drame qui s’accentue jusqu’à ce que les personnages aient touché le fond, croit-on, mais dont l’histoire continue à s’aggraver...
Il se laisse ensuite recruter pour obtenir de l’argent en échange d’informations sur son pays, sur les droits de l’homme et les conditions de vie. On lui promet de l’argent donc il tente l’aventure, qui le mène à un consulat d’Allemagne, mais quel n’est pas son désespoir quand on lui apprend que pour toucher l’argent il devra aller en Corée du Sud, et donc perdre tout espoir de revoir sa famille! Pendant ce temps, sa femme est décédée, et son fils est parti à sa recherche sur la route, dans des conditions de survie dramatiques.
Le seul espoir qu’on lui fait miroiter est qu’il travaille en Corée du Sud, puis y fasse venir sa famille. Il essaye de suivre ce chemin, mais apprend les terribles nouvelles, et paye quelqu’un pour rechercher son fils. Sa vie en Corée du Sud se résume à acheter des cadeaux pour son fils quand il le reverra, et il ne s’intéresse à rien d’autre.
Pendant ce temps, son fils retrouve sur les routes une amie, la fille des voisins, avec qui il revit ce qu’il a vécu avec sa mère, un bonheur dans l’adversité, qui peu à peu est rongé par la maladie, et se termine par la mort. Ils seront passés par les pupilles de la nation avant de pouvoir à nouveau prendre la fuite. Toujours courageux, il tente de traverser vers la Chine à l’aide d’autres personnes, dont celle en contact avec son père, qui lui permet de lui parler au téléphone, mais succombe en chemin.
Le père lui, après avoir reparlé à son fils, n’y tient plus, et prend un billet d’avion pour aller à sa rencontre en Chine. Manque de chance, on l’arrête à la douane, mais ce n’est rien à côté de la plus terrible nouvelle de la mort de son fils.
Un film poignant, déchirant même, mais quand même décidément très très noir dans sa vision des deux Corées et de la vie en général. Sans attendre une comédie, on est en droit d’espérer des films coréens plus joyeux, qui redoreront peut-être le blason de ce beau cinéma qui est malheureusement un peu en creux de vague.





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