Chaw

Un petit village de Corée est terrorisé par un sanglier mutant. Pour s'en débarrasser, une poignée de courageux héros ne vont pas hésiter à sortir les fusils et les gros pièges à loups... Voici « Chaw », le deuxième long-métrage de Shin Jung-won, qui nous offre là un film d'épouvante teintée de comédie noire... et surtout bruyante.
Tout allait bien à Sammaeri, un superbe petit village perdu dans les belles montagnes coréennes. Jusqu'à ce qu'une série de disparitions énigmatiques commence à semer la terreur. Malgré les gaffes et la maladresse de la police locale, peu à peu est mise à jour la terrifiante vérité : le criminel est un gigantesque sanglier mutant. Celui-ci a faim, et il a pris goût à la chair humaine. Comme souvent en Corée, les malheurs viennent de l'extérieur : on nous explique au cours du film que ce sont les Japonais qui, lors d'expériences pendant la guerre sur des cochons et des sangliers, ont engendré un tel monstre. Et cette bête revient, des décennies plus tard, pour se venger.
Dans notre Gévaudan coréen, on met cependant du temps à comprendre le danger. Régulièrement, à chaque tombée de la nuit, les fourrés se mettent à bruisser, des grognements et des claquements de mâchoires se font entendre... et les disparitions s'accumulent. C'est donc dans un village en panique que débarque un jeune policier courageux et intègre, interprété par Eom Tae-wung. A sa suite vient toute une galerie de personnages très caricaturaux et stéréotypés : tout d'abord, le crétin paramilitaire qui ne quitte jamais sa tenue camouflage, et qui se déplace avec une féroce équipe de profs d'anglais, armés de fusils d'assaut et de grosses moustaches. Suivront un inspecteur kleptomane, un notable sans scrupules, un chef de village ahuri et magouilleur, une sorcière couverte de maquillage, une jeune scientifique rongée par l'ambition, une mère hystérique, et bien sûr un vieux chasseur roublard et sentencieux, à qui on la fait pas. Une fière équipe de truffes dont notre sanglier, bien sûr, ne fera qu'une bouchée. Inconscients du danger, ils se lancent dans une expédition dans la montagne, pour ramener la peau de la bête.
« Chaw » est un film qui fait du bruit. Au sens propre du terme : pendant deux heures, le spectateur est soumis à une effroyable terreur sonore. Car à Sammaeri, on ne sait pas communiquer sans hurler. Les policiers s'abreuvent d'injures, les citadins en visite couinent, les paysans grondent, les scientifiques s'égosillent, et la mère du policier et la folle du village font des concours de décibels. Des disputes stridentes peuvent éclater à tout moment, et le film est une véritable symphonie de beuglements et de cris. Le spectateur en vient rapidement à souhaiter que la bête arrive plus souvent, et emmène tout ce braillant petit monde dans son terrier, pour que les belles montagnes environnantes puissent, enfin, retrouver un peu de paix.
Vous l'avez sans doute compris, « Chaw » présente toutes les caractéristiques d'un film de série B. Les scènes d'épouvante sont nombreuses et classiques, parfois très gores, et n'épargnent au spectateur ni sang, ni membres coupés, ni bruits de mastication. La scène de dépeçage de la bête par le vieux chasseur, qui cherche à voir ce qu'elle a mangé les trois derniers jours, transformera en végétariens convaincus les plus endurcis d'entre vous. Le film est aussi une espèce de comédie noire, dont l'humour se base essentiellement sur les hurlements stridents, les grimaces, et les chutes désopilantes dans la boue.
Mais ne boudons pas notre plaisir ! Si vous aimez les belles montagnes coréennes, les films de sangliers, et les tripes de porc, alors n'hésitez pas, « Chaw » est fait pour vous !






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