Bronze medalists

Lee Ji-bong est haltérophile. Médaillé de bronze aux JO de Séoul de 88, il est envoyé en retraite anticipée, en raison d'une blessure et d'un problème cardiaque. Dépressif, il devient l'entraîneur de l'équipe d'haltérophilie d'un lycée de filles de la province de Jeolla. Sur une trame pourtant très classique, « Bronze medalists » nous propose une histoire belle et émouvante.
L'année 2009 a vu le grand succès du film « Take off », dont le thème était le saut à ski. Plus discret au box office, « Bronze medalists » surfe lui aussi sur cette récente tendance du cinéma coréen à produire des films sur des sports à priori assez peu cinégéniques : aujourd'hui, c'est en effet dans le monde de l'haltérophilie, univers de sueur et de larmes, que nous allons nous plonger. Un sport peu médiatisé, mais qui a récemment attiré l'attention du public sud-coréen en raison des performances exceptionnelles de Jang Mi-ran, une souleveuse de poids quatre fois championne du monde et championne olympique à Pékin.
Un thème inspiré par le chauvinisme sportif, un sport aussi gracieux et plaisant à regarder que le déménagement d'une armoire, un réalisateur, Park Gun-young, dont le premier film est l'affligeant « Typhoon » : avouons-le, « Bronze medalist » était bien mal parti. Et pourtant...
« Qui veut entrer dans mon équipe ? », demande Lee Ji-bong à l'assemblée de jeunes filles, venues à la réunion de sélection. « Vous allez prendre du poids, avoir un gros cou, et devenir moches. Et même si vous devenez des championnes, cela ne vous apportera rien ». On mesure sans difficulté l'impact d'un tel discours sur des lycéennes obsédées d'apparence physique. Celles-ci déclinent. Sauf six d'entre elles, mélange hétéroclites de petites grassouillettes mal dans leur peau, d'une élève très pauvre venue là parce que c'est gratuit, et d'une fofolle exubérante qui trouve que le justaucorps bleu qui leur sert d'uniforme met bien en valeur sa ligne : une fière équipe de six gamines adorables et attendrissantes, en plein dans l'âge ingrat, qui se sont trouvé là un sport qui ne l'est pas moins.
La suite est sans surprise : après une phase initiale de rejet, l'entraîneur bourru et les six apprenties haltérophiles vont apprendre à se connaître, s'entraîner, développer un lien qui va au delà du sport, et finalement triompher. Le film ne manquera pas de souligner l'importance des valeurs confucianistes, le travail, la cohésion du groupe et le respect du prof. Mais la stupidité et la mesquinerie humaines viendront faire voler tout ce bel édifice en éclat...
Malgré son scénario souvent prévisible, « Bronze medalists » séduit. Lee Beom-su est convaincant dans son rôle de champion solitaire qui se sait en sursis. Mais ce sont surtout l'incroyable talent des six jeunes actrices qui apporte un vrai souffle au film et lui donne tout ton intérêt. En particulier, la jeune actrice Cho An est une véritable révélation. Nos six lycéennes à gros bras et à cœur d'artichaud fondent souvent en larmes, s'épaulent, rient, et donnent beaucoup à rire. Elles sont véritablement attachantes, et leur énergie parvient à faire oublier les lourdeurs du scénario. Car le film appartient aussi à la catégorie très coréenne des films lacrymaux : le réalisateur a sorti ses grosses ficelles pour concocter une histoire au pathos aussi lourd que les poids soulevés par nos jeunes filles en pleurs.
Mais ne boudons pas notre plaisir. « Bronze medalists » vous plongera avec délices dans le charme de la province sud-coréenne de la fin des années 80. Malgré ses limites, le film réussit ce petit miracle de rendre passionnant un sport bien éloigné du feu des projecteurs, et on se surprend souvent à tenter d'accompagner les athlètes dans leurs efforts, debout dans la salle de cinéma et prêt à arracher le siège du voisin de devant.






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