jeudi 29 juillet 2010

cinema coreen :blood brothers

Aujourd'hui, nous allons vous parler de «bromance»... ce mot-valise, concaténation des mots «brother» et «romance», a été inventé par les anglo-saxons pour désigner ces histoires d'amitiés, fortes et viriles, qui se construisent entre deux hommes. Et notre improbable bromance du jour va éclore entre un espion nord-coréen, et un policier du Sud...

«Blood Brothers», le dernier film de Chang Hoon, débute à Séoul, en 2000, avant le sommet historique de juin entre les deux dirigeants sud et nord-coréens, Kim Dae-jung et Kim Jong-il. Song Ji-won est un espion du Nord, infiltré à Séoul. C'est un agent dormant : il mène une vie en apparence normale, décodant tous les soirs les messages que lui envoie sa hiérarchie. Un jour, l'ordre tombe : avec deux autres espions, il doit tuer. Trahis par l'un des leurs, leur mission se finit en carnage : la police débarque, et les morts s'accumulent. Ji-won s'enfuit. Recherché par les services secrets du Sud, renié par le Nord qui le soupçonne, Ji-won est seul au monde. Alors que les deux Corées se rapprochent, lui est un banni. Obligé de se terrer à Séoul, il laisse derrière lui, à Pyongyang, une femme et une petite fille avec lesquels il perd tout contact.

Mais ce carnage a fait aussi une autre victime : Lee Han-kyu est le chef de l'équipe des services secrets qui a, elle aussi, gravement foiré sa mission. Mis à la porte, il devient un détective privé minable, dont la principale source de revenus consiste à rechercher des femmes originaires de l'Asie du Sud-est, mariée à des Coréens, et qui se sont enfuies de leur foyer. Lee Han-kyu est divorcé, sa femme s'est remariée. Il ne voit plus sa petite fille. S'il lui téléphone de temps en temps, le contact est rompu. Il est seul.

Les années passent, huit ans exactement. Et la vie, soudain, lui offre une revanche : Han-kyu rencontre par hasard Ji-won. Les deux hommes se reconnaissent immédiatement, mais ne comprennent pas que l'autre l'a reconnu aussi. Commencera alors un jeu de dupe et de cache-cache, où les deux anciens espions tenteront de tirer parti de la situation, et de retrouver leur vie d'avant. Mais peu à peu, à force de se côtoyer, les deux hommes vont finir par découvrir l'humain derrière l'ancien ennemi, et apprendre à s'apprécier. Car les deux souffrent d'une intense solitude, et trouvent dans cette amitié inattendue une façon de se réconcilier, aussi, avec eux-mêmes. La suite... nous vous laissons la découvrir.

Si «Blood Brothers» est un film sur l'amitié, c'est aussi un film d'espionnage, avec son lot de fusillades, de faux-semblants et de courses poursuites dans les rues de Séoul. Alors qu'aujourd'hui, dans le monde réel, les relations intercoréennes connaissent une nouvelle phase de tensions, on constate que le cinéma coréen continue d'offrir un portrait relativement nuancé des nord-Coréens : Song Ji-won est souvent plus humain et sensible que son camarade sud-coréen. Le film offre finalement peu de surprises, mais il reste captivant, essentiellement grâce à l'interprétation très réussie de ses deux acteurs principaux, Song Kang-ho et Kang Dong-won. Song est toujours aussi convaincant, avec son regard de truand et son sourire contagieux. Quant à Kang Dong-won, il offre là une performance inhabituelle, et est plutôt bon dans ce rôle d'espion désavoué, perdu dans Séoul, et complètement désespéré. Entre les deux acteurs, le courant passe, et quelques scènes comme celle de la cérémonie d'hommage aux morts fonctionnent très bien.

«Blood Brothers» est ainsi un film réussi, qui de plus bénéficie d'une très belle photo, d'une musique qui colle parfaitement à l'histoire, et de très belles images de Séoul et de la campagne coréenne. N'hésitez donc pas, cette bromance est une valeur sûre !

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