jeudi 29 juillet 2010

cinema coreen :A Family

Nous venons de passer Seolnal, les fêtes de la nouvelle année du calendrier lunaire. Cet événement constitue, avec Chuseok en automne, les fêtes traditionnelles les plus importantes en Corée. Ce moment très particulier de l'année est dédié à la famille, et c'est pourquoi nous avons choisi ce thème pour notre chronique cinéma d'aujourd'hui.

«A Family» est un long métrage de Lee Jeong-cheol, sorti en 2004. Comme son nom l'indique, il dresse le portrait d'une famille. Une famille déchirée, accablée de malheurs et souffrante... et dont le spectateur va devoir partager les vicissitudes pendant les deux heures que dure le film.

Jeong-eun sort de prison. La jeune femme est interprétée par l'actrice Soo Ae, dont on se rappelle le rôle d'une chanteuse partant au Vietnam pendant la guerre, dans le très réussi « Sunny ». Le retour de Jeong-eun dans sa famille, après ses années d'incarcération, est pour le moins délicat. Si son petit frère, un gamin enjoué et passionné de foot, l'accueille avec chaleur et enthousiasme, il en va autrement du père. Celui-ci est interprété par Joo Hyun. Comme c'est un homme bourru et taiseux, il a décidé de ne pas pardonner à sa fille son passé de criminelle. Il lui demande de partir. La pauvre Jeong-eun, qui est toute menue, possède un sourire charmant, une voix douce, et ressemble autant à une braqueuse de banque que Blanche Neige à un dealer de coke, se prépare ainsi à faire ses valises. C'est alors qu'elle apprend qu'en fait, son père est atteint d'une maladie incurable, et qu'il ne lui reste plus que quelques semaines à vivre.

Le spectateur a déjà le cœur broyé par l'émotion, mais son calvaire vient juste de commencer. Car il apprend que si la malheureuse Jeong-eun a fait de la prison, c'était en réalité pour couvrir son ancien partenaire de larcin, devenu un chef de gang fou furieux qui frappe tout ce qui passe devant lui. Il a d'ailleurs les cheveux frisés, un signe qui trompe rarement dans les films coréens, où la méchanceté est souvent proportionnelle au degré de frisottis des personnages. Le méchant gangster avait promis à la douce Jeong-eun de lui donner une somme d'argent si elle se livrait à sa place. Celle-ci vient donc, en toute logique, réclamer son dû. Mais comme il est aussi méchant que l'histoire est dramatique, il décide que non, que c'est elle qui doit payer. Et qu'en plus, elle devra offrir ses faveurs au chef de la police locale. On ne comprend pas très bien le lien, mais c'est comme ca. Si elle s'y refuse, le mafieux et ses sbires s'en prendront à sa gentille famille, notamment à son innocent petit frère.

Sur ces entrefaites, Jeong-eun apprend que la grave blessure qui a rendu son père borgne, et qui lui a coûté son travail de policier, ce qui l'a rendu alcoolique, alcoolisme à cause duquel il battait sa femme, laquelle d'ailleurs en est morte, ce qui a provoqué la plongée de Jeong-eun dans l'enfer de la délinquance, et bien cette blessure, je vous disais... c'est en réalité Jeong-eun elle-même qui l'a causé par accident lorsqu'elle était enfant. Rongée par la culpabilité, elle se prépare à commettre l'irréparable.

Je vous laisse le plaisir de découvrir par vous même les ultimes péripéties de cette famille tellement malheureuse que même Cosette refuserait de s'y faire adopter. Aux Jeux olympiques des idées tragiques, les scénaristes décrocheraient l'or haut la main : plein de bonne volonté, ils ont imaginé et empilé avec professionnalisme les calamités les plus effroyables, loin de tout déjà-vu, ou de tout cliché. Du grand art, maîtrisé jusque dans la musique, une petite ritournelle triste au piano, qui vient judicieusement rappeler aux spectateurs les plus obtus, les moments où il faut sortir les mouchoirs. Si vous vous intéressez aux histoires compliquées de famille, aux rancunes ravalées, aux secrets mal gardés, aux maladies incurables et aux réconciliations finales, ou encore que vous avez une poussière dans l'œil, alors n'hésitez pas, « A Family » est fait pour vous !

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