jeudi 29 juillet 2010

cinema coreen :Action Boys

« Action Boys » n’est pas un film, mais un documentaire, mais à l’heure où les films ne racontent plus rien et ne sont plus qu’une succession de scènes d’action, quoi de plus fascinant qu’un documentaire? Surtout quand il s’agit d’un documentaire sur ceux qui font vraiment les films d’action… Les acteurs? Eh bien non, les cascadeurs!

Le réalisateur et acteur Jeong Byung-gil vivait en rêvant à la vie de Stephen Chow, réalisateur et acteur hong-kongais de son état… Un jour, suite à un revers de fortune, Jeong se retrouve au chômage, et commence à voir entre 3 et 8 films par jour chez lui. Il touche le fond quand la gentille loueuse de cassettes videos où il s’aprovisionne lui parle d’un travail qu’il pourrait essayer d’obtenir à travers une connaissance à elle. Blessé au plus profond de son orgueil, il se reprend en main, et décide de faire une école de cascadeur pour transformer ses rêves en réalité. Tourné sur presque cinq ans, ce film est le résultat de cette lutte pour survivre très coréenne, et aussi de cette tout aussi coréenne force de caractère qui fait que quand quelqu’un se propose un but, en général il l’atteint. Et pas que dans les films.

Commence ensuite le documentaire proprement dit, qui est un documentaire très humain, puisque l’on suit les différents élèves qui font candidature à l’école de cascadeur, dont ceux qui n’ont pas été acceptés, les 14 qui ont été acceptés et leur vie, et surtout les 4 qui ont réussi et sont encore aujourd’hui cascadeurs, risquant leur vie en voiture, à pied, où dans n’importe quelle situation où le cerveau tordu du réalisateur aura voulu mettre une star qui doit absolument s’en sortir indemne.

Ces inconnus du cinéma, les cascadeurs, ont un rôle incroyable, puisqu’ils font la réalité des chutes et des violences que l’on voit dans les films. Dans leur travail, ils se brisent les os, les bras, se blessent au visage, parfois meurent, et ont surtout chacun leur spécialité et leur raison de faire ce travail. La force de ce documentaire est de montrer justement le côté humain de ces cascadeurs, leurs rêves, leur vie quotidienne, et donc leurs relations à la vie et à la mort, à la société, et à leur famille.

Parmi les héros, Gui-duck, qui réalise des cascades personnelles d’abord, puis se met aux cascades en voiture, puis avec le temps, devient directeur d’un show télévisé. Jeon Se-jin, lui, est un cascadeur raté, il vient de Jeju pour vendre ses talents de cascadeur à cheval. Il n’a pas été pris à l’école de cascades, mais l’intérêt de ce documentaire est précisément qu’il suit l’itinéraire personnel de ces personnages étranges… Par exemple Se -jin, après un entretien avec une diseuse de bonne aventure, aprend que dans toutes les situations de sa vie, un lion lui bloque la porte, et qu’apparemment il faut qu’il ait un tigre sur son dos pour triompher des adversités… Il se fait donc tatouer un tigre gigantesque sur le dos à cet effet…

Kwak Jin-seok voulait être coiffeur, puis finalement se lance dans ce domaine, mais au cours d’une cascade en rappel, il lâche la corde et s’écrase trois étages plus bas. Multiples fractures, mais le documentaire, intelligent, se concentre plutôt sur une scène émouvante, celle de sa nièce qui pleure en lui demandant de ne pas mourir, parce qu’elle est inquiète des conséquences de sa profession.

En même temps, beaucoup de coréanité dans ses situations, où par exemple Sung-il, qui a travaillé sur « Le bon, la brute et le cinglé », en ce moment sur les écrans de France, part d’un set où il a raté une cascade, s’est blessé, mais est désolé d’avoir fait perdre du temps à ses collègues… Enfin, certains deviendront professeurs, comme Yong-seong, imitateur de Jackie Chan.

Des images impressionnantes, de l’humain, du viril, du sang et de la sueur, font de ce documentaire un bon moment, où l’on assiste par exemple au tournage de scènes de « City of violence », film d’action où la totalité des élèves de l’école de cascadeur a participé. Au fond, ce sont deux heures de plongée dans la vie de personnages du cinéma que l’on ignore, des héros beaucoup plus courageux que les acteurs, dont certains font ce métier… tout simplement parce qu’ils se relèvent toujours, et considèrent ceci comme leur principale qualité. Et ils l’exploitent, jusqu’au bout, en se jetant sur des voitures en marche pour le prouver. Aujourd’hui, où la mode est aux acteurs efféminés, c’est là que sont les vrais mecs!

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