« Ajeossi, The man from nowhere » : le tonton flingueur
2010-09-01
« Ajeossi », c’est ainsi qu’en Corée du Sud on nomme son oncle, mais aussi tout homme d’un certain âge que l’on ne connaît pas bien. Appeler quelqu’un ainsi, c’est un peu comme lui dire « monsieur ». « Ajeossi », c’est aussi le titre du dernier film de Lee Jeong-beom, intitulé en anglais « The man from nowhere ». Un film d’action violent et stylisé, qui nous entraîne dans les bas-fonds de Séoul.
L’ajeossi de notre histoire est un fait un jeune homme, taciturne et triste. Il est prêteur sur gage dans un quartier déshérité, mais tout dans son attitude indique qu’il cache un lourd secret. Une gamine du voisinage, à moitié abandonnée par sa mère, une danseuse de bar accro à l’héroïne, se lie d’amitié avec lui. La mère se retrouve un jour impliquée dans une sombre histoire de trafic de drogue, et est tuée par une bande de malfrats outrageusement violents. Sa fille se retrouve séquestrée, puis exploitée, avec d’autres enfants abandonnés de son âge, par les caïds. Notre mystérieux prêteur sur gages, qui tente la sauver, se retrouve ainsi pris au beau milieu d’une guerre des gangs. Mais rien ne se passe comme l’on pourrait s’y attendre…
Car l’ajeossi se révèle être un combattant hors paire, capable d’étendre d’une claquette un régiment entier de ninjas, ou de manier les armes à feu comme les personnages des films de John Woo. Qui est-il ? C’est la question que se pose le spectateur, qui finit par attendre avec impatience chaque nouvel obstacle rencontré par le jeune homme, en se demandant comment il parviendra à s’en sortir. Car, bien sûr, il s’en sort toujours, sans même froisser son beau costume.
« Ajeossi » rappelle ainsi les films de la trilogie Jason Bourne, qui montrait eux aussi les impressionnantes galipettes d’un type parfaitement indestructible. On devine aussi la nette influence de « Old Boy », pour le côté très gore, la violence stylisée, et surtout la dégaine romantique d’un personnage principal qui ne quitte jamais son costard noir. Certaines scènes sont ainsi très impressionnantes, et le spectateur qui accepte de rentrer dans cette histoire de bande internationale de trafiquants d’organes sera tenu en haleine du début jusqu’à la fin.
Il ne faut pas en demander plus à « Ajeossi », qui reste dans les limites du genre de film d’action. Le film offre aussi à l’acteur Won Bin l’un de ses tout meilleurs rôles depuis « Mother » l’année dernière. Il parvient à faire oublier son visage de gamin, pour être étonnamment convaincant dans la peau de cette véritable machine de guerre, certes parfois pleurnicheuse, mais effroyablement efficace. La gamine orpheline est quant à elle interprétée par la jeune Kim Sae-ron, qui interprétait le rôle principal dans le film « Une vie toute neuve ».
Impossible de terminer cette chronique sans dire quelques mots sur le troisième personnage de ce film : la ville de Séoul. Un Séoul méconnaissable, glauque et cauchemardesque, celui de la pègre et des bas-fonds. Mais aussi le Séoul des petites rues mélancoliques, et des vieux propriétaires d’échoppes de quartier, débonnaires et philosophes. De braves bonhommes, qu’on appelle… « ajeossi », justement.






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