mardi 3 août 2010

« Moss », le dernier film du réalisateur de Kang Woo-seok, connaît en ce moment un beau succès en salles. Nous vous le présenterons la semaine prochaine, et nous allons tout d'abord nous intéresser à l’un des films qu’il a produits : « Modern Boy », réalisé par Jeong Ji-woo, et sorti en 2008. Un film qui nous emmène dans la Corée de la première moitié du 20ème siècle, qui survit sous la férule du colonisateur japonais.

Nous sommes à Séoul, en 1937. Le « Modern Boy » de l'histoire est un dandy coréen, Lee Hae-myeong. Il est interprété par Park Hae-il, un acteur de qualité qui a joué dans nombre de succès du cinéma coréen, notamment « The Host » ou encore « Memories of Murder ». Le personnage qu'il interprète dans « Modern Boy » est un jeune homme riche, attiré par le luxe, les fêtes, et la modernité occidentale. Ce play-boy entouré de jeunes élégantes habillés à la mode des années folles, toujours impeccablement habillé de blanc et coiffé d'une mèche permanentée et frisée qui le fait ressembler à une ajumma en goguette, s'accommode très bien de la présence coloniale japonaise. Il travaille pour le gouvernement en place, et son meilleur ami et camarade de sorties est même un jeune Japonais. Tout va donc très bien pour notre insouciant collaborateur... jusqu'à ce qu'il rencontre l'amour. Pour beaucoup, l'amour est aveugle ; mais pour lui, ce sera un révélateur.

Un soir, dans un cabaret de la capitale, Hae-myong assiste, fasciné, à un spectacle de danse. Il tombe instantanément et éperdument amoureux de la meneuse, la troublante Nan-shil. Cette femme fatale est interprétée par Kim Hye-su, dans un rôle qui lui convient à merveille. Avec l'assurance que lui donne son statut et son argent, Hae-myeong lui mène une cour insistante et balourde, qui finit par payer : Nan-shil devient son amante. Mais c'est par calcul : car la belle est membre d'un réseau de résistance, qui cherche à se débarrasser de l'envahisseur nippon. Le panier repas qu'elle lui donne un matin est piégé, et sans le vouloir, il pose une bombe en plein cœur du bâtiment de l'administration coloniale... La bombe explose, la femme fatale disparaît en lui dévalisant sa maison, et Hae-myeong se retrouve accusé de terrorisme par les Japonais. Il sera torturé. Mais il ne renonce pas à son amante pour autant, continue de toutes ses forces de la chercher et de l'aimer. Il finira, bien sûr, par épouser sa cause.

Le contexte de l'histoire est passionnant, d'autant plus que l'époque et le sujet sont rarement traités par le cinéma coréen. L'intrigue amoureuse, elle, est quelque peu caricaturale, et l'acteur Park Hae-il ressemble trop à Tintin pour être convaincant en dandy coureur de jupon, puis brusquement en résistant acharné à défendre la cause de son pays. Quand à Kim Hye-su, on a aussi du mal à comprendre comme une femme fatale aussi ténébreuse finit par tomber amoureuse d'un type affublé d'une mèche pareille.

Mais le travail de reconstitution du réalisateur Jeong Ji-woo est, lui, remarquable. Ses images sont superbes, et le spectateur découvrira avec plaisir ce Séoul pré-moderne, son ancienne gare, ses avenues en terres, ses petites rues de maisons de bois. Dans ce qui deviendra bientôt l'une des plus grandes et plus modernes mégalopoles du monde, apparaissent les premiers signes de la modernité : l'électricité, les premiers grands magasins, trams, et vitrines remplies de vêtements à la mode des années folles, parvenue jusqu'en Extrême Orient. Ne serait-ce que pour cette reconstitution plutôt rare, le film vaut le coup d'œil.

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