Hangeul et huit cent quinze

Le premier mot de la semaine est le mot hangeul (한글).
Le hangeul est le nom de l’alphabet corée, car les Coréens écrivent avec un alphabet, et non des idéogrammes.
Tout d’abord, il faut savoir que les langues chinoise et coréenne n’ont rien en commun, si ce n’est le vocabulaire emprunté au chinois, ceci pour des raisons historiques.
Nous remontons donc le temps pour retourner plus de 500 ans en arrière. Dans la Corée de l’époque, on parle coréen, mais on ne l’écrit pas, car il n’y a pas d’écriture propre pour cette langue isolée. Mais comme il faut bien écrire dans une civilisation, les Coréens de l’époque écrivent tout en chinois, langue qu’ils ont préalablement apprise.
Il y avait bien eu des essais d’écriture du coréen, mais ceux-ci utilisaient de toute façon les caractères chinois et étaient très compliqués, plus compliqués que d’écrire en chinois. Inutile de dire que le peuple ne savait pas parler et encore moins écrire le chinois.
C’est le roi Sejong le Grand qui a voulu une écriture pour le coréen, sa langue, mais qui soit aussi simple à utiliser pour pouvoir être enseignée au peuple qui n’a pas le loisir d’assimiler des milliers de caractères. Le hangeul fut dont inventé. Ici les versions diffèrent, car certains disent que c’est le roi seul qui l’inventa, bon linguiste, il en était capable, d’autres disent que c’est un groupe de lettrés qui ont réalisé cette tâche.
Mais il faut reconnaître qu’instruire le peuple n’était pas dans les idées de l’époque, et la classe dominante s’opposa à sa diffusion. Il survécu tout de même et se répandit dans le peuple grâce aux gisaeng (기생), ces courtisanes, femmes du peuple éduquées comme des nobles. Ce sont donc les caractères chinois qui continuaient à être officiellement et majoritairement utilisés.
C’était compter sans le Japon.
Car l’occupation japonaise donna lieu, bien sûr, à un élan de nationalisme et à une redécouverte de l’identité coréenne, dont le hangeul devint un des symboles, et ceci au début du XXe siècle. Mais cela ne signa pas l’arrêt de mort des caractères chinois dans la péninsule, car l’influence de la langue chinoise, on s’en doute, a été forte, et donc beaucoup de mots de vocabulaire ont été importés dans la langue coréenne, et, les deux langues étant radicalement différentes, notamment dans la prononciation, il a fallu faire des distinctions. Car beaucoup de caractères, et donc de mots, chinois se sont retrouvés homophones dans le système phonétique coréen. Pour lever les ambiguïtés, un seul outil : les caractères chinois. Et donc on trouve encore ceux-ci, notamment dans les ouvrages scientifiques, car le coréen technique ou soutenu utilise en moyenne beaucoup plus de mots d’origine chinoise.
Le deuxième mot de la semaine est le mot huit cent quinze.
Prononcé en coréen pariro (팔일오), c’est le nombre symbole de la volonté des Coréens de se sortir de la crise asiatique de 1997 – 1998.
815 est en fait le jour de la libération de la Corée du joug japonais. 8 pour août et 15 pour le 15 : le 15 août 1945.
En 1998, des autocollants indiquant 815 étaient présents sur de nombreuses voitures, une boisson au cola était de marque 815, pour faire concurrence à Coca-Cola™ et à Pepsi-Cola™ et tenter de minimiser la perte de capitaux vers l’étranger, etc. Ce nombre ressurgit de temps en temps comme symbole nationaliste.
Le 15 août est bien sûr la fête nationale en Corée du Sud, ainsi qu’en Corée du Nord.
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