jeudi 29 juillet 2010

cinema coreen : Whispering corridors

A l’occasion de la sortie récente du cinquième opus de la célèbre série de films d’horreur « Yeogo goedam », ou « Whispering corridors », l’équipe de « Tout un cinéma » a décidé de vous présenter l’ensemble de ces films, avant de nous intéresser plus en détail au cinquième épisode la semaine prochaine.

En coréen, « yeogo » signifie lycée de filles. « Goedam », quant à lui, désigne un conte traditionnel coréen qui relate des histoires de fantômes obligés de rester sur terre afin d’obtenir vengeance, suite à une mort atroce... C’est ainsi que la série « Yeogo goedam », dont le premier film est sorti en 1997, touche une corde particulière en Corée, un pays où de nombreux habitants croient naturellement aux fantômes et aux esprits, les « guishin ». Chacun des films de la série a ainsi reçu un excellent accueil du public, et la série continue jusqu’à ce jour.

En apparence, les « Whispering corridors », ou « Couloirs qui murmurent », sont des films d’épouvante. L’action se passe intégralement dans un lycée de jeunes filles ; un univers clos dont les éléments les plus familiers du quotidien sont transformés en lieux et en objets proprement terrifiants. Dans ces lycées hantés, on peut s’attendre à tout moment à voir surgir un fantôme livide vêtu d’un uniforme d’écolière, les longs cheveux noirs et épais, qui attend plein de colère froide au détour d’un couloir. Portes qui claquent, gouttes de sang qui tombent sur les pupitres, orages, éclairs, possession, tous les éléments du film de fantôme le plus classique sont au rendez-vous, et s’accumulent avant l’apothéose sanglante finale.

Cependants, les films de la série sont beaucoup plus que de simples films de revenants. Ils s’appliquent surtout à dépeindre un enfer, qui lui est bien réel : le lycée pour filles en Corée du Sud. Pression démentielle pour préparer les examens d’entrée à l’université, compétition exacerbée entre les élèves, discrimination, harcèlement sexuel, vexations, châtiments corporels et graves violences physiques et psychologiques de la part des professeurs : ces jeunes Coréennes souffrent. Et les fantômes qui hantent leur lycée sont souvent des justiciers, qui se mettent de leur côté. « Même les fantômes sont préférables aux profs », lâche même une élève.

Les films sont une critique ouverte du système scolaire coréen, et de son aboutissement carcéral, le lycée. Une association de professeurs avait d’ailleurs tenté d’empêcher la sortie du premier opus. Chacun des films prend le temps de s’attarder sur ses héroïnes (au sens propre, tant franchir l’épreuve du lycée en Corée représente une véritable forme d’héroïsme), en s’intéressant à leurs problèmes, leurs angoisses, leurs ambitions, leurs drames personnels, et leurs secrets inexprimables. Ils dressent ainsi un portrait attachant et parfois tendre de la jeunesse coréenne.

Les « Whispering corridors » sont donc certes des films de genre, mais cela est presque un prétexte. Si ils se soumettent bien aux codes des films d’épouvante, c’est avant tout pour mieux appuyer leur argument. Les films traitent en profondeur de thèmes sérieux tels que l’éducation, l’amitié, l’homosexualité féminine, les différences de classe sociale, l’innocence, la trahison et le suicide. Ces jeunes lycéennes, victimes innocentes soumises à la pression d’un système éducatif implacable et violent, sont déjà devenues, pour beaucoup d’entres elles, des fantômes à qui on interdit toute individualité et tout écart du rang. La vitalité et la créativité de ces gamines en est réduite à s’exprimer aux marges, en cachette, à l’abri des adultes. Et ces efforts auront des issues tragiques. Si ils sont certes épouvantables, les « Whispering corridors » sont avant tout des films tristes.

Chaque film peut se voir indépendemment des autres. Le premier, sorti en 97, est très réussi ; il offre un final à la « Sixième sens » - bien avant la sortie de ce dernier -, et possède de plus le merveilleux charme surrané et le grain des films coréens déjà anciens. Le deuxième, sorti sur les écrans français sous le titre « Memento Mori », a reçu en France un excellent accueil critique, et est l’un des épisodes les plus beaux et les plus accomplis de la série. N’attendez donc plus pour les découvrir !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire