jeudi 29 juillet 2010

cinema coreen :Treeless Mountain

Du 9 au 16 avril a eu lieu à Séoul le onzième Festival international de films de femmes. Un rendez-vous désormais classique, et qui mérite le détour. Ce festival propose une sélection très réussie de films réalisés par des... réalisatrices, donc. De plus, les films coréens sont accompagnés de sous-titres en anglais, une raison de plus de ne pas rater cet important rendez-vous de cinéphiles. Cette année, parmi la sélection présentée, j’ai eu la chance de découvrir le film coréen « Treeless Mountain », ou la colline sans arbre, un film indépendant, écrit et réalisé en 2008 par la réalisatrice Kim So-yeong. Kim So-yeong est née en Corée du Sud, mais a grandi à Los Angeles. Son premier film, le remarqué « In Between Days », s’intéressait à la vie de jeunes Coréens-Américains, et a remporté en 2006 le prix du jury du Festival de Sundance.

Son deuxième long-métrage, « Treeless Mountain », se passe lui en Corée ; il raconte l’histoire de deux enfants, deux soeurs de 6 et 8 ans : Jin, l’aînée et Bin, sa petite soeur. Jin et Bin vivent seules avec leur maman, depuis que leur papa est parti sans laisser d’adresse. Et puis un jour, leur mère les emmène dans une petite ville de province, et les confie à leur tante. Elle part – dire qu’elle fuit serait un mot plus juste – à la recherche de leur père, en leur confiant une tirelire. “Soyez très sages, leur dit-elle. Chaque fois que vous obéirez à votre tante, elle vous donnera une pièce. Quand la tirelire sera pleine, je reviendrai.” Un lâche mensonge. Pleines d’espoir, Jin et Bin vont rivaliser d’astuces pour remplir la tirelire de piécettes au plus vite. Munies de ce cochon en plastique rose enfin plein, elles attendent tous les soirs le bus qui leur ramènera leur maman, au sommet de la triste petite colline sans arbre du titre. En vain. Leur tante, alcoolique et célibataire, prend très mal soin de ses nièces, et, lorsqu’il devient évident que la mère ne reviendra pas, abandonne à son tour les deux petites filles, et les envoie chez leurs grands-parents, dans une ferme perdue au fond de la campagne. Là, elles feront la connaissance de leur grand-mère, qui, sous ses dehors bourrus, leur offrira enfin la tendresse et l’amour qu’elles méritent.

« Treeless Mountain » est un film triste, mais jamais pathétique. Il est toujours très facile d’émouvoir un public en filmant des enfants, et la réalisatrice Kim So-yeong a la délicatesse et l’élégance d’éviter cette facilité. Elle filme au plus proche les deux enfants, au plus près des visages, et le reste de leur monde, notamment les adultes, est souvent flouté, ou rejeté en arrière-plan. Le film s’intéresse surtout à l’aînée, Jin, remarquablement interprétée par Kim Hee-yeon, petite star de 8 ans. La caméra prend toujours le point de vue de l’enfant. Ce parti pris intimiste captive le spectateur, et met en évidence la vulnérabilité des deux gamines, livrées à des adultes irresponsables. « Treeless Mountain » est aussi un film austère, glacial, parfois même pesant. Même si on sourit parfois de l’ingénuité des gamines, l’atmosphère générale est triste. Les scènes sont souvent silencieuses, toujours lentes. Il faudra attendre le générique final pour enfin entendre de la musique. On appréciera cependant de très belles scènes de rues, ou de long plans réussis sur des barres d’immeubles, paysages urbains finalement plus déserts que la campagne où Jin et Bin finiront par trouver refuge et chaleur.

Malgré cette austérité et son intrigue lente et sans doute prévisible, ce long-métrage plaira aux amateurs de films indépendants coréens, et a déjà séduit nombre de critiques et jurys, puisque le film a été sélectionné lors de plusieurs festivals et a même été récompensé par des prix, notamment lors des festivals internationaux de Berlin, de Dubaï, et de Pusan.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire