Speed scandal

Enfin une comédie digne de ce nom, « Gwasok Scandal », ou « Speed scandal», la dernière comédie de moeurs, qu’ont vue plus de 5 millions de personnes déjà en Corée du Sud !
L’histoire de fond est simple, voire même universelle, ce qui explique son succès national, et garantit très probablement aussi le succès international. Mais elle est bien mise en scène, écoutez-voir : un animateur de radio donne des conseils aux auditeurs qui l’appellent. Une jeune fille-mère sans père le contacte, lui demandant si elle doit partir se présenter à son père qui ignore tout d’elle, et il l’encourage à le faire.
Cette histoire touchante fait monter l’audience, et tout le monde s’intéresse de plus en plus à la jeune fille en question. Jusqu’au jour où elle débarque chez l’animateur de radio, qui avait effectivement passé une nuit d’amour avec une amie à lui au lycée, mais n’avait jamais su qu’il était devenu père. Tel père, telle fille, elle a fait pareil et, aujourd’hui, dans la vingtaine elle a un petit de quelques années, qui fait de notre animateur dans la trentaine un grand-père ! Ce qui d’entrée lui brise un rendez-vous galant.
Après, c’est une suite de situations amusantes pour le spectateur, dans lesquelles l’animateur essaye de préserver son image, tout en changeant radicalement sa vie privée. En même temps, il apprend à vivre avec une fille séduisante, mais qui est sa fille, convoitée de ses collègues, et avec un enfant qu’il essaye de corrompre pour séduire la responsable de la garderie. On n’évitera pas hélas une grande couche de pathos, une incompréhension totale entre le père et la fille, exacerbé par l’habituelle incommunicabilité coréenne, ainsi qu’une scène qui se veut déchirante à grands cris et larmes, mais que serait le cinéma coréen et la Corée sans ses déchaînements de passion hors normes?
En tous cas, voici un film moderne et drôle, dont on peut espérer qu’il tirera un peu l’industrie cinématographique vers le haut, et le public aussi. C’était prévisible (statistiquement les films d’humour ont toujours une renaissance en période de crise économique), et peut nous laisser espérer d’autres œuvres dans la même veine, ce qui nous permettrait de retourner au cinéma avec enthousiasme! Le film est également remarquable en ce qu’il fait dans le comique au-dessus de la ceinture, ce qui est rare en Corée, et pas seulement dans le comique de situation à la Tex Avery. Enfin, il met également en scène, même si cela reste très léger, le déséquilibre et la fragilité du monde des stars en Corée, avec leurs paranoïas et leur superficialité affligeante. D’ailleurs, il est un peu triste de constater que le seul moment dramatique, au sens non comique, du film, est quand le père se sépare de la fille, pour des raisons bien évidemment professionnelles…
On peut remarquer aussi un côté bien pensant à l’américaine dans le film qui peut être inquiétant pour les valeurs que cela véhicule. Mais cela reste assez naïf encore… Le père s’est apparemment essayé à la musique et a enregistré deux disques, et la fille a un talent indéniable pour la musique, sur la scène. Elle dépassera certainement le père, tandis que son fils est un virtuose du piano à cinq ans, et sera donc certainement encore plus célèbre que la pop star que deviendra la fille. Bref, on peut être certain d’un succès outre-pacifique, et probablement d’une diffusion prochaine en Europe, même si aujourd’hui la Corée vend plus les droits d’une adaptation locale des films que leur diffusion, ce qui représente un danger mortel pour le cinéma coréen ; en effet que devient une industrie cinématographique dont les films ne sont pas montrés?
Nous ne pouvons que vous recommander de voir ce film, qui reprend avec humour le fond de l’actualité coréenne de la scène ‘people’. Le scandale à tout prix, car c’est une publicité gratuite, mais un scandale contrôlé, histoire de ne pas basculer dans l’opprobre et de voir sa carrière, qui ne repose que sur la publicité qu’on en fait, définitivement ruinée…





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