
Au cœur de l’actualité cinéma de cette semaine, le festival de Cannes bien sûr qui vient de clore dimanche dernier avec une Palme d’or française ! Félicitations donc à Laurent Cantet, le réalisateur du film « Entre les murs » qui a conquis le jury. On applaudit également le réalisateur sud-coréen Park Jae-ok dont le court-métrage d’animation intitulé « Stop » a reçu le troisième prix de la Cinéfondation de Cannes. L’année dernière, ce même prix avait aussi été décerné à un film sud-coréen, le court-métrage « Une rencontre » réalisé par Hong Sung-hoon. Le film dont il est question aujourd’hui s’était quant à lui distingué au festival de Cannes en 2004, en remportant le Grand prix du jury. Il s’agit bien évidemment de « Old Boy », de Park Chan-wook, le réalisateur sud-coréen de renommée mondiale. Tiré d’un manga japonais du même nom, signé Tsuchiya Garon et Minegishi Nobuaki, « Old Boy » ― dont le titre est le même en coréen ― est le deuxième film d’une trilogie que le réalisateur a consacré au thème de la vengeance.
* Souffrir de ne pas savoir ? L’histoire débute avec l’enlèvement soudain de Oh Dae-su, incarné par Choi Min-sik, un homme marié et père d’une petite fille, et qui, à part son penchant pour la bouteille qui le conduit parfois jusqu’au commissariat, semble mener une vie tout à fait ordinaire. Le voici donc prisonnier d’une cage non pas dorée mais qui ressemble plutôt à une chambre d’hôtel, équipée d’une douche, d’un lit et d’une télévision. Les repas au menu invariable, des gunmandus, des raviolis chinois sautés, sont servis par une trappe au ras du plancher. Malgré ses cris, personne ne daigne jamais répondre à sa question, invariable elle aussi : « Pourquoi m’a-t-on fait prisonnier ? ». En apprenant via le petit écran la mort brutale de sa femme dont les médias le rendent responsable, il se laisse peu à peu gagner par la folie, sans toutefois se départir du but qu’il s’est fixé : s’échapper de sa prison pour retrouver son tourmenteur. Quinze années vont s’écouler durant lesquelles Oh Dae-su s’endurcit en faisant du mur son punching ball. C’est là que les choses vont prendre une tournure plutôt inattendue car il est brusquement et sans explication remis en liberté. Du soleil, des hommes, des femmes, du poulpe vivant, Oh Dae-su s’enivre de cette vie qui lui a soudain été rendue, en oubliant de se poser une question pourtant essentielle : « Pourquoi donc m’a-t-on libéré ? ».
* Lourde dette Quinze années d’emprisonnement, cela semble déjà une punition sévère et pourtant, ce n’était là qu’un simple avant-goût des représailles dont Oh Dae-su fait l’objet. En plus d’être un plat qui se mange froid, la vengeance est aussi un serpent qui se mord la queue, car on ne sait pas à cause de qui tout a commencé ni comment on peut l’arrêter. Pour mettre un terme à ce cycle infernal, un pacte est conclu entre Oh Dae-su et son tortionnaire, incarné par Yoo Ji-tae : Oh Dae-su a cinq jours pour découvrir les raisons de sa longue captivité sinon, la jeune Mido – incarnée par l’actrice Kang Hye-jeong – dont il s’est épris paiera de sa vie. Cette course contre la montre va pousser Dae-su à réveiller d’anciens souvenirs profondément enfouis...
* La douloureuse vérité Oui, en effet, il y a eu un commencement à tout cela : une simple confidence, rien de plus. Quelques paroles en l’air qui finissent par faire quatre victimes. C’est un peu disproportionné, n’est-ce-pas ? Mais la vengeance est tout sauf raison et proportion. Dae-su, qui à un moment décisif, aurait pu faire le choix de la raison et partir à la recherche de sa fille, fait pourtant celui dicté par la rage irréfléchie dont il est la proie. Il accumule les erreurs et ne sort de ces mauvaises passes que par la force de ses poings. Son bourreau le précède toujours d’un pas. On assiste à un tango déséquilibré, qui menace à chaque instant de faire tomber ces danseurs passionnés, ou plutôt, consumés par leur soif de vengeance. Valse et tango sont d’ailleurs les deux grands thèmes de la bande originale, à la hauteur de ce chef-d’œuvre.





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