jeudi 29 juillet 2010

cinema coreen :Nuit et jour

Vous connaissez sans doute Hong Sang-soo, un réalisateur coréen très populaire il y a une dizaine d’année, lors de la sortie de ses premiers films, tels « Le pouvoir dans la province de Gangwon ». Etrangement, ce dernier a perdu beaucoup de sa popularité en Corée du Sud, mais pas en France, où ses films sont généralement bien accueillis par la critique, et continuent d’attirer un certain public. Il est donc à peine étonnant que Hong ait décidé de venir saluer son public étranger le plus fidèle, et de tourner son dernier film en date... à Paris. Aujourd’hui, je vais vous parler de ce nouvel opus intitulé « Nuit et Jour ».

La quasi-totalité du film se passe en effet en France : le personnage principal est un peintre venu de Séoul et qui fuit la Corée quelques semaines afin d’éviter des ennuis avec la police, suite à une histoire de possession illégale de cannabis. Il décide de se réfugier dans notre capitale ; désœuvré, il se ballade avec son sac à dos Eastpak sous le ciel gris de Paris, et rencontre l'univers des Coréens sur place : les minbak (sorte de Bed & Breakfast communautaire), les restaurants coréens où la bouteille de soju coûte une fortune, et bien sûr, marque de fabrique de Hong Sang-soo, les petites étudiantes coréennes en art, un peu perdues, et toujours prêtes à se laisser séduire.

En dehors du décor, on ne découvre hélas rien de bien nouveau chez Hong. Le film met en scène son habituelle vision de la comédie humaine. Il décrit les gênes et la gaucherie des relations interpersonnelles, et l'impossibilité de se comprendre. Les personnages souffrent de désirs mal assumés - et mal consommés -, les hommes comme les femmes font preuve de lâcheté, d’irresponsabilité, voire même de stupidité. Chez Hong Sang-soo, il n’y en a pas un pour sauver l’autre. Dans ce monde de sourds et d’aveugles, le seul soulagement, le seul motif de survie, réside dans la beauté des femmes, et le réalisateur a conservé un certain talent pour filmer des femmes belles, fragiles, et par intermittence, émouvantes.

L’impossibilité pour les humains de se comprendre, ce thème pessimiste et récurrent chez Hong– et de façon plus générale, dans le cinéma coréen – est certes un sujet de société passionnant, qui touche un large pan de l’âme coréenne. Hélas, aborder un bon sujet ne suffit pas à faire un bon film. Les scènes sont souvent longues, et mettent au mieux mal à l’aise, au pire elles ennuient. La froideur qui caractérise toutes ses œuvres est bien sûr présente, et finit également par lasser. Il serait temps que Hong Sang-soo, autrefois cinéaste de talent, cesse de se reposer sur ses acquis et ses vieilles techniques maintes fois utilisées et aujourd’hui usées jusqu’à la corde pour se renouveler, et relancer un processus de création que l’on pourrait croire en panne.

Il y a tout de même quelques scènes intéressantes, notamment cette rencontre, impossible dans un autre endroit qu’à l’étranger, entre le héros et un jeune nord-coréen, lequel est hélas assez mal interprété par un acteur de série télé affublé d'un pin’s à drapeau et d'un accent supposé nordiste. Débutée autour d'un café, la brave et généreuse tentative des deux pour essayer de mieux se connaître tourne court : la rencontre entre le sud-Coréen et le nord-Coréen se finira, littéralement, par un bras de fer. Ce genre de scènes semble rare dans le cinéma coréen – présenter un nord-Coréen comme un personnage tout à fait normal – et la scène est assez drôle. La seule interprétation à laquelle j'arrive pour l’expliquer est la suivante : chez Hong Sang-soo, qu'ils viennent du Nord ou du Sud, les hommes sont décidément toujours aussi bêtes. Soulignons que dans l'univers de Hong Sang-soo, les sud-Coréens ont déjà suffisamment de mal à se comprendre entre eux pour que l'on puisse espérer quoi que ce soit dans leurs relations avec leurs frères du Nord...

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