jeudi 29 juillet 2010

cinema coreen : Je suis un cyborg, mais c’est pas grave

Continuons notre série sur les films de Park Chan-wook, pour nous intéresser cette semaine à « Je suis un cyborg, mais c’est pas grave », un film résolument à part dans la filmographie du talentueux réalisateur coréen. Ce film, sorti en 2006, a reçu un accueil mitigé de la part du public coréen, désorienté par cette comédie étrange et inclassifiable, ce film bizarre qui perd le spectateur dans les méandres de la folie de ses personnages.

Le film, en effet, se déroule entièrement dans un asile de fous, un lieu fantasmé aux tons bleus pastels, traversé par toute une galerie de personnages tous plus fondus les uns les autres. Im Soo-jung y interprèteYoung-goon, une jeune fille traumatisée par l’internement de sa grand-mère et par une mère franchement inquiétante ; Young-goon est persuadée d’être un cyborg, un être robotique doué de pouvoirs meurtriers. Mais Young-goon a un petit problème : elle a besoin d’énergie, mais refuse toute nourriture humaine qu’elle considère complètement inappropriée... et elle n’arrive donc pas à se « recharger ». Oh, elle a bien essayé de sucer des cartons de piles Duracell et de lécher quelques batteries, ses méthodes alimentaires recontrent hélas peu de succès. Ses conversations avec ses copines les ampoules et son ami le distributeur de canettes au fond du couloir ne l’aident guère, et elle se laisse dépérir. Toute l’intrigue du film se résume – presque - là : comment faire manger Young-goon ? L’équipe médicale de l’asile, et la bande de doux-dingues qui y vivent vont s’y essayer... sans succès.

C’est le jeune Il-soon, interprété par le célèbre chanteur danseur Be, plus connu à l’étranger sous le nom de Rain, qui y parviendra. Il-soon porte en permanence un masque de lapin bleu, et il est obsédé par le brossage dentaire. Il a aussi le pouvoir de voler la personnalité et les caractéristiques des pensionnaires de l’asile, et a ainsi déjà réussi à voler à l’un ses obsessions, à l’autre son appétit, ou encore à un autre son service au ping-pong... A force de patience et d’astuce, il réussira à faire manger Young-goon.

« Je suis un cyborg, mais c’est pas grave » est un film étrange, difficilement compréhensible. C’est une comédie, dont l’humour s’appuie sur l’absurdité des situations, la douce folie des personnages, les surprises désarçonnantes que réserve chaque scène. Il est rempli de poésie foutraque et de beaux moments surréalistes. Comme toujours avec Park, c’est un film très léché esthétiquement, dont chaque détail est minutieusement travaillé. Un accent particulier a été mis sur l’utilisation des couleurs, en particulier la couleur bleu clair qui est omniprésente à l’écran et que l’on retrouve sur les murs, les ballons, les vêtements, le mobilier...

L’asile semble sortir droit d’un dessin animé, et les personnages ont des attitudes de cartoon. Cependant, la qualité des images, la bonne prestation des acteurs, les trouvailles esthétiques et le plaisir à découvrir une histoire originale ne suffisent pas toujours à faire oublier la lenteur du film, son manque de rythme, et l’ennui qui finit par poindre. « Je suis un cyborg, mais c’est pas grave » mérite d’être vu, même si de nombreux fans de Park auront sans doute de la peine à rentrer dans l’histoire, et seront peut-être un peu déçus.

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