Handphone

Le téléphone est une arme qui peut se retourner contre vous, et le film « Handphone », de Kim Han-min, l’illustre bien! Ce thriller, qui a des airs de comédie, et passe aussi par le drame, tant pour l’histoire du couple que pour son côté parfois télévisuel, est étrange et un peu long, mais finalement se laisse regarder, malgré, il faut bien le dire, quelques aberrations...
L’histoire de ce manager de star commence de façon apparemment assez banale pour un film coréen, soirées arrosées, menaces de gangs, peu de communication avec sa femme, humiliation de son assistant... Et puis voilà qu’il ‘perd’ son téléphone portable, et que la personne qui s’en est emparée ne répond pas. Or, il contient des images compromettantes pour sa star, et donc pour son activité. Images pour lesquelles on l’a déjà fait chanter et payer... En fait, le voleur de téléphone commence à appeler plus régulièrement sa femme, et comme tout bon psychopathe inquiétant, parle d’une voix très calme, et tient des propos bizarres. Quand enfin la communication entre le manager et le psychopathe de supermarché s’établit, et que notre manager le noie sous un flot d’insultes, il se fait reprendre, et c’est là que commence un jeu pervers entre les deux. Pour récupérer le téléphone, le manager se voit soumis à des épreuves, dont l’une consiste, par exemple, à aller casser la voiture d’un inconnu.
En fait, le psychopathe, un conseiller clientèle du supermarché, qui passe sa journée à s’excuser auprès des clients, n’en peut plu et pour passer ses nerfs sur les gens qui l’ont mis hors de lui, se sert maintenant de sa victime, et c’est une des grandes dérives vers la comédie. Il y en a d’autres! Le héros lui-même, joué par Uhm Tae-woong, a des airs de comique de temps en temps, surtout quand rien ne va plus, qu’il s’allume une cigarette, voit en plus le panneau d’interdiction de fumer, et craque. En fait on critique, mais finalement, malgré les aberrations et le côté surjoué des acteurs coréens, on y croit quand même un peu, parce que les personnages sont humains dans leurs faiblesses. Bref, le jeu continue, jusqu’à ce qu’une personne mal intentionnée uploade sur internet une video de la star en pleine action sexuelle... Si le monde des stars est sensible à ça, en Corée où le sexe est tabou, c’est la mort de la carrière de la star, et de ce point de vue là, le film sera difficile à exporter, dans les autres pays du monde, il est en général accepté que les gens aient une vie normale et donc des relations sexuelles.
A partir de ce moment, le film sombre dans la violence sanglante et inutile, mais aussi dans l’action car notre héros arrive à retrouver son tortionnaire. Il y a d’ailleurs un côté ironique qui fait que le psychopathe, joué par Park Yong-woo, voit toutes ses actions et ses méfaits lui retomber sur le coin de la figure le même jour, et ça en devient drôle. Le rapport de forces semble renversé, mais il repart vite dans l’autre sens. En effet, le criminel vient chercher sa victime chez lui, et tombe sur sa femme, magnifique créature interprétée par Park Sol-mi, et qui n’apparait pas dans le crédit du film sur les principaux sites de cinéma coréen. Pourtant, elle joue un rôle culturel important : elle est là, mais le héros ne lui adresse presque jamais la parole, ne la voit pas, et même quand il passe pour mort, il ne l’appelle pas pour la rassurer, et quand elle veut se séparer de lui ne lui répond pas, sauf pour dire que c’est hors de question avant de repartir. Bon, effectivement, elle avait un amant, de qui elle croyait être enceinte, et que son mari voulait faire effrayer par l’un de ses hommes de main, qui ont eu la main lourde et l’ont tué...
Mais c’est là que le bât blesse, toutes ces histoires culminent dans un rendez-vous sanglant et explosif au foyer du manager, le problème est que l’accumulation des styles et des histoires rendent le film trop long, voire un peu fatigant. La partie thriller disparait, la partie dramatique est vouée à l’echec, et hélas, on ne retombe pas dans la comédie. Les tentatives de retournement surprenant y sont, mais le rythme est cassé, et le film est bien résumé par l’interview que fait la police du manager, grand brûlé momifié après l’explosion de sa maison : “...tout ça pour un téléphone portable”?





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