jeudi 6 janvier 2011

Bombardement de Yonpyong : Washington met Pékin face à ses responsabilités


La Corée du Nord a défendu, jeudi 9 décembre, l'attaque menée, le 23 novembre, contre l'île sud-coréenne de Yonpyong. Les tirs nord-coréens ont fait quatre morts et 18 blessés. Pyongyang affirme avoir réagi à un exercice militaire naval que l'armée sud-coréenne menait dans cette zone frontalière sensible, théâtre de plusieurs incidents graves au cours des dernières années. Selon Pyongyang, le Sud avait tiré des "milliers d'obus" dans les eaux nord-coréennes durant cet exercice. L'île de Yonpyong, visée par le bombardement, se situe juste au sud de la ligne frontalière dessinée par l'ONU au sortir de la guerre de Corée (1950-1953). Le Nord ne reconnaît pas cette frontière, estimant qu'elle devrait être abaissée vers le sud et que l'île en question se trouve donc "à l'intérieur" de ses eaux territoriales.

Le bombardement nord-coréen du 23 novembre était "une attaque armée délibérée et illégale", violant la charte des Nations unies et l'armistice ayant mis fin à la guerre de Corée, ont pour leur part estimé les chefs d'état-major américain et sud-coréen. Séoul et Washington mèneront de nouvelles manœuvres conjointes, dont la date n'a pas été précisée, a annoncé mercredi le chef d'état-major américain — le plus haut gradé —, l'amiral Mike Mullen, en visite à Séoul.

L'amiral a déclaré qu'il ressentait "une vraie urgence" à renforcer les liens militaires entre les Etats-Unis, la Corée du Sud et le Japon, pour dissuader la Corée du Nord. Il reproche aussi à la Chine de fuir ses responsabilités. "Les Chinois ont une énorme influence sur le Nord, qu'aucun autre pays ne peut avoir. Et pourtant, malgré un intérêt partagé pour réduire la tension, ils semblent réticents à l'utiliser", a-t-il dit mercredi à Séoul. Afin de se préparer face à d'éventuelles attaques chimiques du Nord, Séoul a annoncé jeudi l'achat de masques à gaz supplémentaires pour les habitants des îles limitrophes de la Corée du Nord.

Le dirigeant nord-coréen Kim jong-Il et le conseiller d'Etat chinois Dai Bingguo lors de pourparlers le 18 septembre 2009.

Le dirigeant nord-coréen Kim jong-Il et le conseiller d'Etat chinois Dai Bingguolors de pourparlers le 18 septembre 2009.AFP/KNS

IMPLICATION CHINOISE

En réponse aux pressions américaines et de leurs alliés, un haut responsable de la politique étrangère chinoise, le conseiller d'Etat Dai Bingguo a rencontré jeudi le dirigeant nord-coréen Kim Jong-il à Pyongyang. "Les deux parties sont parvenues à un consensus sur leurs relations bilatérales et la situation dans la péninsule coréenne, à l'issue de discussions sincères et approfondies", selon l'agence Chine nouvelle. L'agence officielle nord-coréenne KCNA a précisé que les deux délégations avaient évoqué des "sujets d'intérêt mutuel" et se sont efforcées d'encore améliorer leurs relations amicales.

Cette rencontre entre dirigeants chinois et nord-coréens est la première depuis le bombardement du 23 novembre. Depuis cet incident, les Etats-Unis et leurs alliés n'ont eu de cesse de lui demander d'user de son influence sur la Corée du Nord. La Chine, seule puissance à s'être abstenue de condamner Pyongyang, avait au contraire proposé, sans succès, de réunir les six participants aux discussions sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne (les deux Corées, Japon, Russie, Chine, Etats-Unis) dans l'espoir de désamorcer la crise.


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