« Moss » : pierre qui roule…

Même si vous ne connaissez pas son nom, vous connaissez très probablement ses films : Kang Woo-seok a réalisé certains des plus importants blockbusters du cinéma sud-coréen, parmi lesquels « Silmido », ou encore « Public Enemy ». Son dernier film est un thriller, « Moss », qui signifie... « mousse » en français.
Le film commence dans les années 70, dans un village reculé de la campagne coréenne. Y sévit l’inspecteur Chun, interprété par Jeong Jae-yeong. Policier corrompu, cynique et violent, il rencontre M. Ryu, une sorte de gourou toujours extraordinairement calme et zen. M. Ryu possède un charisme hors du commun, qui lui donne le pouvoir d’influencer ses semblables. Contre toute attente, les deux hommes s’associent. Ils ont pour projet fou de construire un village où les pires criminels auraient droit à une seconde chance. Quelques décennies passent. Un matin, M. Ryu est retrouvé mort dans son lit, de mort naturelle semble-t-il. Son fils, qui avait rompu tout lien avec lui, débarque au village, pour s’occuper de ses affaires. Mais on lui fait vite sentir qu’il n’y est pas le bienvenu, et les ennuis commencent.
Car tous les habitants semblent cacher de lourds secrets, à commencer par un ex-inspecteur Chun vieilli, qui est devenu le chef de l’endroit. Il gère la communauté, ainsi que la ville voisine, comme un chef de mafia le ferait de son territoire. Le fils Ryu, interprété de façon très convaincante par Park Hae-il, commence peu à peu son enquête sur les circonstances entourant la mort, et la vie, de son père. Il fait la connaissance des trois hommes de main de Chun, des types patibulaires et brutaux. Il rencontre aussi l’énigmatique Young-jin, interprétée par Yoo Seon : le visage impénétrable, la trentaine voluptueuse, cette femme très belle et seule semble elle aussi en savoir beaucoup, mais ne dit rien.
L’enquête avance, lentement. Car si « Moss » est un thriller, c’est aussi un film qui prend le temps de poser son décor – superbe – et de creuser la psychologie de ses personnages. Et c’est justement parce qu’on commence à les comprendre et à s’attacher à eux que le film fonctionne. La tension monte, inexorablement, jusqu’aux premiers meurtres, et il faudra attendre la toute fin du film pour connaître – même si des zones d’ombres demeurent – la vérité sur le village.
« Moss » est ainsi un thriller bien ficelé, ce qui ne l’empêche pas, parfois, d’être très drôle, notamment en raison de la bêtise des acolytes du vieux chef Chun. C’est aussi un portrait à l’acide d’une société corrompue, qui perpétue les habitudes prises sous les dictatures. « Si vous voulez m’avoir, c’est tout le pays qu’il vous faudra remettre en ordre », s’exclame Chun, lors de la confession finale. Difficile d’être plus franc. « Moss » met en scène, finalement, un conflit générationnel : le fils Ryu et son ennemi, le jeune procureur Park, réussissent vite à mettre de côté leurs différents pour en finir avec le règne du vieux despote. La dernière scène montre d’ailleurs, et ce n’est pas un hasard, une autoroute neuve et moderne, sur laquelle file le jeune héros, enfin débarrassé des fantômes du passé. Les siens, et ceux de tout un pays.
« Moss » : pierre qui roule…
2010-08-11
Même si vous ne connaissez pas son nom, vous connaissez très probablement ses films : Kang Woo-seok a réalisé certains des plus importants blockbusters du cinéma sud-coréen, parmi lesquels « Silmido », ou encore « Public Enemy ». Son dernier film est un thriller, « Moss », qui signifie... « mousse » en français.
Le film commence dans les années 70, dans un village reculé de la campagne coréenne. Y sévit l’inspecteur Chun, interprété par Jeong Jae-yeong. Policier corrompu, cynique et violent, il rencontre M. Ryu, une sorte de gourou toujours extraordinairement calme et zen. M. Ryu possède un charisme hors du commun, qui lui donne le pouvoir d’influencer ses semblables. Contre toute attente, les deux hommes s’associent. Ils ont pour projet fou de construire un village où les pires criminels auraient droit à une seconde chance. Quelques décennies passent. Un matin, M. Ryu est retrouvé mort dans son lit, de mort naturelle semble-t-il. Son fils, qui avait rompu tout lien avec lui, débarque au village, pour s’occuper de ses affaires. Mais on lui fait vite sentir qu’il n’y est pas le bienvenu, et les ennuis commencent.
Car tous les habitants semblent cacher de lourds secrets, à commencer par un ex-inspecteur Chun vieilli, qui est devenu le chef de l’endroit. Il gère la communauté, ainsi que la ville voisine, comme un chef de mafia le ferait de son territoire. Le fils Ryu, interprété de façon très convaincante par Park Hae-il, commence peu à peu son enquête sur les circonstances entourant la mort, et la vie, de son père. Il fait la connaissance des trois hommes de main de Chun, des types patibulaires et brutaux. Il rencontre aussi l’énigmatique Young-jin, interprétée par Yoo Seon : le visage impénétrable, la trentaine voluptueuse, cette femme très belle et seule semble elle aussi en savoir beaucoup, mais ne dit rien.
L’enquête avance, lentement. Car si « Moss » est un thriller, c’est aussi un film qui prend le temps de poser son décor – superbe – et de creuser la psychologie de ses personnages. Et c’est justement parce qu’on commence à les comprendre et à s’attacher à eux que le film fonctionne. La tension monte, inexorablement, jusqu’aux premiers meurtres, et il faudra attendre la toute fin du film pour connaître – même si des zones d’ombres demeurent – la vérité sur le village.
« Moss » est ainsi un thriller bien ficelé, ce qui ne l’empêche pas, parfois, d’être très drôle, notamment en raison de la bêtise des acolytes du vieux chef Chun. C’est aussi un portrait à l’acide d’une société corrompue, qui perpétue les habitudes prises sous les dictatures. « Si vous voulez m’avoir, c’est tout le pays qu’il vous faudra remettre en ordre », s’exclame Chun, lors de la confession finale. Difficile d’être plus franc. « Moss » met en scène, finalement, un conflit générationnel : le fils Ryu et son ennemi, le jeune procureur Park, réussissent vite à mettre de côté leurs différents pour en finir avec le règne du vieux despote. La dernière scène montre d’ailleurs, et ce n’est pas un hasard, une autoroute neuve et moderne, sur laquelle file le jeune héros, enfin débarrassé des fantômes du passé. Les siens, et ceux de tout un pays.






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